Chris the Swiss

Affiche Chris the Swiss
Réalisé par Anja Kofmel
Titre original Chris the Swiss
Pays de production Suisse, Croatie, Allemagne, Finlande
Année 2018
Durée
Musique Marcel Vaid
Genre Animation, Documentaire, Drame
Distributeur First Hand Films
Acteurs Anja Kofmel, Heidi Rinke, Julio César Alonso, Alejandro Hernandez Mora, Paul Jenks, Ilich Ramírez Sánchez
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 797
Bande annonce (Allociné)

Critique

«Aucune histoire, aucune photo ne vaut la peine de risquer sa vie.» C’est ce qu’exprime, avec une tristesse mêlée d’aigreur, Michael, le frère de Christian Würtenberg.

Globe-trotter et journaliste aventurier bâlois, Christian, travaillant pour une radio zurichoise, part au début des années 90 en Yougoslavie afin de couvrir le conflit, et y est assassiné sur place à l’âge de 27 ans. Sa cousine, la réalisatrice Anja Kofmel, propose un film mi-documentaire mi-cathartique partant sur les traces de ce parent dont elle ne se souvient pas, mais dont elle a toujours été très fière.

Anja Kofmel prend son temps dans la première partie, s’interrogeant sur l’attirance de son cousin pour le danger et sur la frontière parfois très mince entre le courage et l’inconscience. Des questionnements qui, avoue-t-elle, ont très souvent hanté ses rêves d’enfant. A la recherche de réponses, elle part en Yougoslavie, retrouve de nombreuses personnes qui ont côtoyé Christian, et mélange le tout avec des images d’animation d’un très beau noir et blanc qui tentent de restituer la manière dont elle a rêvé de lui. Cette première partie est nécessaire, bien qu’un peu longue.

Mais très vite, le film provoque un profond malaise. Christian était peut-être un martyr du journalisme, cependant plus le film avance, moins on le considère comme un héros. On découvre qu’il a même pris les armes et s’est engagé auprès de mercenaires plus que douteux. Il n’a donc pas été un simple observateur de cette guerre sale. S’il n’a pas participé aux atroces exactions commises par ses «camarades» du moment, il y a tout au moins assisté de très près, ce qui équivaut à les cautionner. C’est d’ailleurs dans son uniforme de combattant qu’il sera assassiné. Anja Kofmel tente, malheureusement trop en surface, de comprendre ce qui a pu pousser le jeune homme à se laisser contaminer par le virus de la guerre, l’obligeant à évoluer dans des eaux de plus en plus dangereuses. Un choix représentant, pour paraphraser Gabriel Garcia Marquez, une chronique d’une mort annoncée.

Le dernier mot du film est à nouveau pour Michael Würtenberg qui n’excuse pas l’attitude de son frère et l’accuse d’avoir détruit leur famille, allant même jusqu’à le qualifier de «salaud». Qu’il soit finalement un héros ou un martyr, la fin tragique de Christian suscite l’émotion. Mais le journaliste ne sort pas grandi de ce dernier témoignage en particulier, ni d’ailleurs du film en général.


Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 12
Sabrina Schwob 13
Nadia Roch 14