Ma fille

Affiche Ma fille
Réalisé par Laura Bispuri
Titre original Figlia Mia
Pays de production Allemagne, Italie, Suisse
Année 2018
Durée
Musique Nando Di Cosimo
Genre Drame
Distributeur Xenix
Acteurs Udo Kier, Valeria Golino, Alba Rohrwacher, Sara Casu, Michele Carboni
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 796
Bande annonce (Allociné)

Critique

Dès ses débuts, la réalisatrice Laura Bispuri a décidé de mettre les femmes au cœur de son cinéma. Elle rassemble ici trois actrices magnifiques pour dire toute la complexité - et la douleur - du rôle de mère.

Deux femmes, Angelica et Tina, l’une blonde, l’autre brune. Au milieu, Vittoria, une gamine rousse qui peine à trouver sa place. A ces trois couleurs sont apposés les archétypes de la prostituée au grand cœur, de la mère protectrice, de l’enfant sage qui se rebelle, tels qu’on les connaît, tels qu’on les a toujours montrés. Mais très vite, les rôles se brouillent et s’échangent, aussi brutalement qu’une scène en interrompt une autre, passant ainsi à un autre lieu, un autre conflit, un autre face-à-face.

Les terres brûlées de Sardaigne et la mer qui les borde servent de décors aux sentiments qui habitent ou désertent les protagonistes. Si la vie quotidienne de cette Italie rude est esquissée, elle reste cependant à l’arrière-plan. Tout comme les hommes, simples silhouettes - souvent menaçantes - sont exclus de cette lutte qui ne concerne que les femmes. Même du «père» de Vittoria, figure pourtant digne, aimante et résiliente, on ne saura presque rien.

On ignorera aussi jusqu’au bout les exactes ramifications qui conduisent irrémédiablement ces trois vies féminines à se rejoindre. Et c’est peut-être à force de trop de silences et de questions laissées sans réponses que Laura Bispuri nous perd le temps d’un instant: on pense au jugement de Salomon, à Médée, aux mères et aux filles qui nous entourent et pourtant la révolte maternelle de Tina paraît parfois bien vaine, les débauches d’Angelica bien caricaturales.

 Mais la volonté de ne laisser émerger que le dicible, que le visible, qui n’expliquent pas tout, qui ne pourraient jamais tout expliquer de ces relations conflictuelles et tendres à la fois finit par créer une émotion forte. Car ainsi, ce sont les fêlures que Laura Bispuri et ses actrices mettent en lumière. «Pendant des siècles, les femmes ont été guidées par un idéal de perfection du rôle de mère, peut-être plus encore en Italie qu’ailleurs. Je pense que remettre en question cette notion et redonner de la valeur à l’imperfection, à la fragilité inhérente à ce rôle de mère, est opportun et important», nous dit la réalisatrice. Elle a raison et elle l’a fait.


Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 14
Georges Blanc 12
Sabrina Schwob 15