Bêtes

Affiche Bêtes
Réalisé par Greg Zglinski
Titre original Tiere
Pays de production Suisse, Autriche , Pologne
Année 2017
Durée
Musique Bartosz Chajdecki
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Birgit Minichmayr, Mona Petri, Philipp Hochmair

Critique

Réalisateur polonais vivant également à Zurich, Greg Zglinski a reçu le Prix du cinéma suisse en 2005 pour son film Tout un hiver sans feu. Bêtes n’a pas eu autant de chance, alors qu’il apparaît plus abouti avec un scénario frisant le fantastique.

Nick (Philipp Hochmair) et Anna (Birgit Minichmayr) font visiter leur appartement à Mischa (Mona Petri) qui le louera en leur absence. Ils vont s’établir en Suisse pour six mois, y travailler, s’y reposer. Ce laps de temps devrait aussi ressouder leur mariage secoué par une relation extraconjugale de Nick. Mais la vie ne laisse pas toujours les projets se réaliser comme prévu.

Très vite le scénario s’enfonce dans une atmosphère trouble, soigneusement entretenue par des plans inquiétants et un montage qui ne laisse pas de repos: les allées et venues de Vienne à Vevey, les correspondances entre le couple et Mischa sont permanentes. La mise en scène entretient la tension en multipliant les attributs du film policier: couteaux, portes verrouillées, obscurité… Ou ceux du film fantastique: chat noir, voix venues de nulle part et surtout, une musique indicatrice de danger.

Que se passe-t-il, quelle est cette menace? Quelqu’un en veut-il au couple? S’agit-il de fantasmes, de cauchemars, de désirs inhibés? Greg Zglinski a choisi des personnages beaux, intelligents, aisés. L’appartement, la maison louée en Suisse, la voiture, tout est élégant, tout devrait les inciter au bonheur. Mais les voici bousculés au plus profond d’eux-mêmes.

Dans ce contexte, il n’y a aucune raison d’incriminer un phénomène social. Et la piste criminelle ne tient pas vraiment. Non, ce qu’ils vivent se passe bien entre eux deux, un homme et une femme comme tant d’autres, un couple malheureux de se sentir au bord de la séparation. Mais aussi un couple dont chacun suspecte l’autre de souffrir d’hallucinations.

Bêtes excelle à mêler les identités, à perturber la linéarité du récit, à forcer le spectateur à partager le vertige des protagonistes. Tout se tient, mais rien ne se comprend, sinon petit à petit, ce doute qui s’installe discrètement. Indice après indice, le dénouement finit par tomber; il surprend sans surprendre. Il faut parfois des événements graves pour que deux personnes réalisent à quel point elles s’aiment.


Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15
Antoine Rochat 9