Au Poste !

Affiche Au Poste !
Réalisé par Quentin Dupieux
Titre original Au Poste !
Pays de production France
Année 2018
Durée
Genre Comédie
Distributeur Praesens Film
Acteurs Benoît Poelvoorde, Philippe Duquesne, Anaïs Demoustier, Grégoire Ludig, Marc Fraize, Orelsan
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 794
Bande annonce (Allociné)

Critique

Figure singulière de la comédie française, Quentin Dupieux confirme avec Au poste! qu’il est l’un des cinéastes les plus enthousiasmants de sa génération. Pour ce septième long métrage, il a réuni un casting détonnant. Aux côtés de Benoît Poelvoorde, on trouve Grégoire Ludig qui a fait ses armes à la télévision avec le duo comique Palmashow, Philippe Duquesne connu pour ses sketchs avec les Deschiens, l’humoriste Marc Fraize et Anaïs Demoustier, dans un savourant rôle à contre-emploi. Autour de ses acteurs, Dupieux met en scène une intrigue et un dispositif des plus minimalistes, à savoir un huis clos dans un commissariat de police dans lequel l’officier Buron (Benoît Poelvoorde) interroge le suspect Fugain (Grégoire Ludig) au sujet d’un meurtre.

Le cinéma de Dupieux creuse depuis ses débuts cette idée selon laquelle la réalité serait irrationnelle. Ici, le cinéaste se plaît à détourner le genre policier pour faire virer son enquête à l’absurde où l’enjeu ne consiste plus tant à tendre vers la résolution de celle-ci mais plutôt à la conduire vers un épuisement qui se caractérise aussi bien par les mines ahuries de ses deux protagonistes que par des dialogues radotants. De ce processus découle un humour à la fois noir, dans sa manière d’écorner la fonction policière, et régressif - s’illustrant notamment lors d’une scène hilarante durant laquelle Fugain mange une huître avec la coquille, justifiant son geste par ses origines. Le commissariat devient alors un terrain de jeu au sein duquel les gags fusent, donnant un rythme haletant au film.

A l’intérieur de cette mécanique qui tourne volontairement en rond, le film trouve un contrepoint intéressant avec des flash-back restituant les faits et gestes de Fugain lors de la nuit du meurtre. Ces scènes, dans lesquelles la présence de certains personnages s’explique difficilement, décrivent crûment la banalité d’un quotidien pour lequel Fugain n’a point d’appétit. La coexistence de ces deux manifestations permet de faire apparaître la veine profondément ironique de Dupieux. A la morosité de la vie courante, le film assimile l’arrestation et la possible condamnation de Fugain à un heureux événement, comme si l’irruption de l’inattendu offrait un souffle nouveau. Cette opposition permet au propos du film de gagner en épaisseur et de dépasser le strict cadre de la comédie pour faire advenir une forme de manifeste qui se dévoilera dans la dernière scène. Son appel au jeu, au déplacement de soi par le biais de l’absurde et sa célébration d’une douce folie donnent une charge assurément profonde et subversive à son cinéma.

Appréciations

Nom Notes
16
Blaise Petitpierre 16
Georges Blanc 15
Sabrina Schwob 16