La mauvaise réputation

Affiche La mauvaise réputation
Réalisé par Iram Haq
Titre original Hva vil folk si / What people will say
Pays de production Allemagne, Norvège, Suède
Année 2017
Durée
Musique Lorenz Dangel, Martin Pedersen
Genre Drame
Distributeur Praesens Film
Acteurs Adil Hussain, Maria Mozhdah, Rohit Saraf, Ekavali Khanna, Ali Arfan, Sheeba Chaddha
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 793
Bande annonce (Allociné)

Critique

Nisha (Maria Mozhdah) mène de jour, dans une petite ville de Norvège, la vie d’une adolescente normale. Sauf que dès le pas de la porte franchi, il lui faut redevenir la fille pakistanaise irréprochable, travailleuse et obéissante que ses parents voient en elle. Lorsqu’un soir, son père la surprend en compagnie d’un ami, sa fureur explose. Indifférent à la vérité, aux explications de la jeune fille, même à la raison, il l’entraîne de force dans son pays d’origine, afin de diminuer la honte de sa conduite auprès de leurs voisins.

Tout au long du film, peu importe le lieu, le regard de la communauté pèse sur Nisha, réduisant jour après jour à néant sa recherche de liberté. En nous faisant vivre les choses au plus près du visage de l’héroïne, Iram Haq parvient à rendre perceptibles les pressions complexes qui sous-tendent ces milieux, au sein desquels on accueille mais rejette aussi tellement vite les siens, quand ils en menacent les fondements. La réalisatrice confie en effet vouloir montrer et non juger, se refusant à enfermer simplement les parents dans le rôle de bourreaux et Nisha dans celui de victime. Bien sûr, les hommes ont leur part de contraintes - celles d’avoir un bon métier, de régir l’ordre moral de la famille - mais rien de comparable à la violence faite aux filles.

Suicides, crimes d’honneur commis par le père ou le frère ou rupture définitive avec la famille sont autant de réalités qui attendent celles qui essaient de tracer leur propre voie. Noces, production belge sortie l’année passée, en faisait déjà la triste constatation; une vie féminine reste dispensable face à des questions de traditions et d’honneur. Il en est de même dans What Will People Say. Nisha se voit constamment niée en tant qu’individu qui aurait une volonté, des désirs, une voix. Et c’est la grande mais terrible réussite de ce film, nous faire ressentir viscéralement toute l’impuissance muette cette héroïne accusée de tout, considérée en rien. Mais c’est un moindre prix à payer si en retour, on cesse de fermer les yeux sur cette réalité: être femme signifie encore trop souvent valoir moins.


Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 15
Sabrina Schwob 14