Tully

Marlo, mère de deux enfants, en attente du troisième, ne parvient guère à s'épanouir dans sa vie actuelle. Charlize Theron incarne avec beaucoup de sensibilité cette femme à la fois forte et fragile, complètement submergée par la situation bien qu'elle se refuse à l'admettre. Mais ses yeux rougis, ses remarques cinglantes quant à sa grossesse, son regard éteint laissent deviner qu'elle est en permanence proche de la crise de nerf. Sur les recommandations de son frère, elle décide finalement, après l'accouchement, d'engager une baby-sitter de nuit, Tully (Mackenzie Davis), véritable fée clochette sur qui elle pourra compter et puiser sa force.

Tully, sans être exempt d'humour, de situations cocasses et de répliques acerbes, dresse un portrait touchant de cette femme qui fait le pari de la folie plutôt que de reconnaître ses limites ainsi que l'impossibilité d'endosser tous les rôles en même temps. Si cette thématique demeure centrale dans le film, la manière de l'aborder surprend. Le twist final est inattendu, à moins de saisir les indices disséminés et toujours plus présents au fur et à mesure du déroulement de l'intrigue - qui, s'ils ne sont pas perçus, créent une dissonance chez le spectateur, entre ses attentes vis-à-vis d'une œuvre que l'on pourrait qualifier de drame réaliste du quotidien et la direction que prend le film. Peut-être que ce retournement, appréciable, vise à faire ressentir au spectateur le même effet de surprise qu'il provoque chez Marlo et son entourage? Film féministe, Tully met en garde contre les apparences trompeuses et le désespoir qui peut se nicher même chez les personnes qui paraissent en être à l'abri.