3 jours à Quiberon

Affiche 3 jours à Quiberon
Réalisé par Emily Atef
Titre original 3 Tage in Quiberon
Pays de production Allemagne, Autriche, France
Année 2018
Durée
Musique Julian Maas, Christoph Kaiser
Genre Drame
Distributeur Look Now !
Acteurs Denis Lavant, Birgit Minichmayr, Charly Hübner, Christopher Buchholz, Marie Bäumer, Robert Gwisdek
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 793
Bande annonce (Allociné)

Critique

3 jours à Quiberon n’est pas une biographie. Il se concentre sur les trois journées que Romy Schneider - actrice allemande naturalisée française - a consacrées aux questions des envoyés du Stern, magazine à sensation allemand. Emily Atef a lu l’entretien; elle en retrace le déroulement.

Au printemps 1981, sous l’emprise de l’alcool et des médicaments, Romy Schneider (Marie Bäumer) part en cure en Bretagne, à Quiberon. En même temps, elle accepte la venue du journaliste Michael Jürgs (Robert Gwisdek) et du photographe Robert Lebeck (Charly Hübner) pour une interview inédite sur l’ensemble de sa carrière. «C’est tout ce que tu détestes», lui rappelle en vain son amie Hilde (Birgit Minichmayr) qui l’a rejointe pour la soutenir. «J’aime beaucoup le photographe», lui répond l’actrice.

La réalisatrice franco-iranienne place sa démarche au cœur de cette dissonance : Romy Schneider est une actrice radieuse, mais une femme fragilisée par les drames de sa vie privée. La presse de boulevard n’a cessé d’exploiter ses malheurs, elle n’a cessé de la fuir. A Quiberon pourtant, elle se laisse faire et révèle les creux les plus intimes de son existence, sans faux-fuyants, sans maquillage, à bout de résistance peut-être.

Pour l'incarner, il fallait une actrice, crédible. Tout le monde ne trouve pas Marie Bäumer vraiment ressemblante, mais son jeu est magnifique, totalement centré sur l’état psychique et les sentiments contradictoires qui agitaient l’actrice. Par ailleurs, la caméra est souvent placée selon des points de vue qui facilitent l’identification, comme certains profils, certaines prises en plongée. Et, s’il renvoie les faits au passé, le noir et blanc rend plus vivantes les expressions qu’il paraît sculpter entre l’ombre et la lumière.

Mais pourquoi remettre au jour la vie douloureuse de Romy Schneider? Etait-ce nécessaire? On peut se le demander. Quoiqu’il en soit, l’épisode de Quiberon symbolise avec réalisme la délicate condition du comédien. Quand celui-ci est connu pour un de ses rôles, Sissi en l’occurrence, que de peine à le faire oublier au profit des suivants. Que de difficultés aussi pour se retrouver soi-même à travers l’incarnation de tant de personnages différents. Que dire encore du harcèlement qui colle à la célébrité, le paradoxe déchirant entre le besoin d’être connu et la nécessité de protéger sa vie...

Un autre aspect du film, particulièrement piquant, est l’attitude des journalistes, leur manipulation, subtile mais bel et bien présente. Combien la personnalité au centre de l’entretien est une proie facile quand elle se sent en confiance! Il n’est pas impossible que personne, à part Romy Schneider, n’ait associé aussi douloureusement l’ensemble de ces tourments.


Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15
Georges Blanc 13