The Rider

Affiche The Rider
Réalisé par Chloé Zhao
Titre original The Rider
Pays de production U.S.A.
Année 2017
Durée
Musique Nathan Halpern
Genre Drame
Distributeur Cineworx
Acteurs Brady Jandreau, Tim Jandreau, Lilly Jandreau, Cat Clifford, Terri Dawn Pourier, Lane Scott
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 789
Bande annonce (Allociné)

Critique

Elle est chinoise, pourtant Chloé Zhao signe un vrai western, avec un vrai héros. C’est par le sens donné au mot «héros» que ce film se singularise. Douloureux et magnifique.

«Si un animal était blessé comme je l’ai été, il serait piqué. On m’a gardé en vie parce que je suis un humain, mais cela ne suffit pas. Je suis inutile si je ne peux pas accomplir ce à quoi je suis destiné.»
Voilà ce que Brady Jandreau a dit à Chloé Zhao, cinéaste chinoise, alors qu’elle visitait la réserve indienne de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud. Brady est un Indien Lakota, membre de la tribu Sioux des Brûlés. Il est un cow-boy de 20 ans. Un cow-boy indien… quel paradoxe! Chez lui, on porte une plume à son chapeau, en souvenir des ancêtres.
Brady, champion de rodéo, est tombé; le cheval lui a piétiné la tête. Après des mois d’hôpital, il se remet lentement, l’œil toujours fixé sur les chevaux dont il reste un fantastique dresseur. Le rodéo lui est désormais interdit. Interdites aussi les longues chevauchées dans la plaine.

Le film raconte le drame de cet homme dont l’âme est aussi grièvement blessée que le corps; il en suit la convalescence et le réveil des aspirations; son ami Lane est, lui, totalement paralysé depuis un accident. Chloé Zhao ne reconstitue pas le milieu, elle filme à vif, à Pine Ridge, avec des hommes et des femmes qui jouent leur propre rôle.

Voici restituée une communauté qui semble ne plus compter aux Etats-Unis, celle des Indiens, plutôt connus pour mettre le feu aux ranchs au temps de la «conquête» de l’Ouest. Rares sont les films qui parlent de leur vie misérable dans les réserves. Incident à Oglala en est un, signé Michael Apted et Robert Redford. Sorti en 1991, tourné dans le territoire de Brady, il ne faisait pas honneur à la «race» blanche.

Dans The Rider, aucune querelle n’oppose les autochtones aux Blancs. Le seul combat est celui que Brady mène contre lui-même. Mais on voit bien, autour de lui, combien les choix sont restreints. Les études sont limitées par la pauvreté, les perspectives d’avenir inexistantes faute d’emploi et les exutoires toujours les mêmes, le jeu, l’alcool.

La réalisatrice n’en fait pas directement mention. Il lui suffit de filmer sobrement - et c’est superbe -  le contraste saisissant entre les paysages amples, splendides, aux horizons sans fin, et l’étroitesse de ces existences. Pour Brady, le cheval reliait les premiers à la seconde et lui apportait une large ouverture. Jusqu’à l’accident.

Et après? C’est toute la question du film, celle de l’héroïsme. Ici, les cow-boys qui se retrouvent autour d’un feu n’évoquent pas les grands exploits, mais les risques du seul métier valeureux à leur portée, leur résistance aux blessures, leurs petites victoires quotidiennes. Dans ce sens, les scènes ou Brady rend visite à son ami Lane sont bouleversantes. Et tout autant, celles où, le visage marqué par une infinie tristesse, il s’interroge en silence sur les choix qui s’imposent. Il faut savoir se contenter de jouer les cartes qu’on a, lui dit son père. Y parvenir, n’est-ce pas cela être un héros?

«A travers le voyage de Brady, tant à l’écran que dans la vie, j’aspire à explorer notre culture de la masculinité et à offrir une version plus nuancée du cow-boy américain classique. Je souhaite également proposer un portrait fidèle du cœur des Etats-Unis, rocailleux, véritable et de toute beauté, que j’aime et respecte profondément», explique Chloé Zhao. Ceux qui verront son film sauront que son désir est accompli.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 18
Adèle Morerod 17
Nadia Roch 17
Georges Blanc 19