Réalisé par | Hirokazu Kore-eda |
Titre original | Sandome no Satsujin |
Pays de production | Japon |
Année | 2017 |
Durée | |
Musique | Ludovico Einaudi |
Genre | Drame, Policier |
Distributeur | Cineworx |
Acteurs | Koji Yakusho, Masaharu Fukuyama, Suzu Hirose, Isao Hashizume, Mikako Ichikawa, Izumi Matsuoka |
Age légal | 12 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 788 |
Apparaît, sous une nouvelle forme, dans The Third Murder une préoccupation récurrente aux films de Hirokazu Kore-eda: quelle est l'influence de l'inné et de l'acquis sur l'individu?
Dans Tel père, tel fils, elle se cristallisait autour d'enfants échangés à la naissance et venant à rencontrer leur famille biologique. Ici, cette interrogation occupe un avocat, Shigemori (Masaharu Fukuyama), dont le client, Misumi (Koji Yakusho), est accusé d'avoir tué son patron. Accusé puis gracié pour de précédents meurtres, se peut-il qu'il soit innocent dans cette affaire? Si la question de la vérité ne l'intéresse d'abord pas - il accomplit en effet sa fonction sans grande préoccupation éthique - il finira, malgré lui, par chercher quels motifs ont potentiellement poussé Misumi au meurtre. Suivant les différentes étapes de l'enquête judiciaire, le spectateur se rendra vite compte, toutefois, que la question de la vérité n'est pas pertinente car les faits trouvent des interprétations qui varient selon les individus et leurs intérêts. Même Misumi, avec un détachement déconcertant, change de version à chaque rendez-vous, comme s'il était certain de la vanité de ses démarches.
The Third Murder joue ainsi avec son spectateur, le ballotant dans tous les sens, l'amenant à se perdre dans son jugement, à en douter jusqu'à la fin, et transforme les victimes en bourreaux et vice versa. Si l'on pense d'abord pouvoir se reposer sur ce que l'image nous montre, on remarque qu'elle nous propose plusieurs versions du crime. Face à l'indétermination, reste seulement la possibilité de la croyance. A l’instar de Shigemori qui peine à accepter, par une sorte de foi en l'humanité dissimulée, que le geste criminel soit totalement infondé.
Par cette thématique, le film en vient sinueusement à établir un parallèle entre l'acte individuel de Misumi qui retire injustement la vie à un homme et celui de la justice japonaise qui condamne à mort des individus sans avoir le temps - pour des impératifs d'efficacité et de posture – ni la certitude de la culpabilité d'un accusé. Au contraire, Hirokazu Kore-eda filme ses personnages avec beaucoup de tendresse et refuse de les juger. Il les expose simplement, en nous montrant leurs contradictions, leurs défauts, leurs doutes, ceci enrobé dans une image sobre. Déjouant les codes du thriller en dilatant la durée des épisodes et en se concentrant sur la psychologie de ses protagonistes, il nous livre une œuvre sincère, qui éveille le questionnement chez son spectateur.
Sabrina Schwob
Nom | Notes |
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Sabrina Schwob | 15 |
Georges Blanc | 11 |
Nadia Roch | 13 |