Place publique

Le duo classique que constituent Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, ce dernier présent au scénario, réapparaît sur nos écrans avec une nouvelle comédie doucement satirique. Plus convenue, moins ingénieuse que des œuvres telles que Le Goût des autres (2000) ou Comme une image (2004), Place publique n'en demeure cependant pas moins amusante.

Castro, vieil homme cynique sur le déclin, rôle habituellement incarné, avec talent, par Jean-Pierre Bacri, anime une émission radiophonique dont la réussite repose essentiellement sur le dévoilement de la vie privée de personnes célèbres. Les premières séquences du film vont jouer sur la présentation publique de cet homme, qui, on le remarquera très rapidement, diffère totalement de ce qu'il se révèle être dans le privé. Se présentant à la radio comme plein de sérénité face à la vieillesse, proche affectivement de sa fille, le film va cesser de nous démontrer le contraire. Le mordant de Place publique se manifeste par le choix de ne pas épingler seulement Castro, mais l'ensemble de son entourage. Chacun en prend en effet pour son grade. Se rendant à une crémaillère - qui constitue l'unité de temps et de lieu du film - organisée par l'ancienne belle-sœur Nathalie de Castro (Léa Drucker), responsable de l'émission, l'ensemble des invités vont se dévoiler autrement que leur personnage publique, notamment Hélène (Agnès Jaoui en altermondialiste) et leur fille, à elle et Castro, Nina (Nina Meurisse), dont le succès de ses écrits dépend certainement de la célébrité de son père qu'elle méprise pourtant…

Le comique au sein de cette micro-société repose également sur le décalage entre un monde bourgeois aisé, amené à côtoyer, par intérêt ou nécessité, des individus qui n'y appartiennent pas - paysans, serveurs, chauffeur ou encore des jeunes issus d'une culture plus populaire. Et ceci ne se produit bien évidemment pas sans heurt. Enfin, le plaisir ne serait pas au rendez-vous, si les acteurs n'incarnaient pas avec tant de justesse et de sérieux des personnes finalement des plus ridicules.