Eva

Adapté du roman de James Hadley Chase paru en 1946 dans la célèbre collection «Série Noire», le cinéaste Benoît Jacquot met à nouveau en scène un personnage féminin atypique et inquiétant, interprété par Isabelle Huppert. En effet, on n’entre pas dans le monde d’Eva sans prendre de gros risques, comme va l’apprendre à ses dépens Bertrand (Gaspard Ulliel). Ce dernier, un écrivain en mal d’inspiration, fait la connaissance d’une prostituée, Eva, qui le trouble. Commence alors une succession de rencontres entre les deux protagonistes; Bertrand décide de faire de leur histoire son nouveau sujet de roman ou de pièce de théâtre. Son obsession pour Eva va peu à peu se retourner contre lui…

Oscillant entre le film noir et le thriller psychologique, l’atmosphère malsaine éveille aussitôt l’intérêt: des paysages enneigés a priori apaisants mais cachant des mystères inavoués, des routes sinueuses et dangereuses à l’image des événements qui se trament… Tous ces ingrédients plantent un décor mêlant suspense et angoisse. La personnalité d’Eva échappe complètement à Bertrand: il y a chez cette dernière une espèce d’animalité brute et un détachement qui la rendent à la fois envoûtante et dangereuse. Le jeune homme pense pouvoir la manipuler à sa guise mais va se retrouver pris à son propre piège.

Si quelques longueurs sont à regretter, ce film, présenté en compétition au prochain Festival de Berlin, est de bonne facture. L’intrigue repose en effet sur la manipulation et le mensonge, offrant une tension permanente sans que l’on sache vraiment comment ce jeu du chat et de la souris va se terminer…