Jusqu’à la Garde

Affiche Jusqu’à la Garde
Réalisé par Xavier Legrand
Titre original Jusqu’à la Garde
Pays de production France
Année 2017
Durée
Genre Thriller
Distributeur Agora
Acteurs Léa Drucker, Denis Ménochet, Mathilde Auneveux, Florence Janas, Thomas Gioria, Mathieu Saïkaly
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 785
Bande annonce (Allociné)

Critique

Pour Jusqu'à la garde, un drame familial qui flirte avec le thriller, Xavier Legrand reçoit le Prix de la Mise en scène et du Meilleur premier film, en 2017, à la Mostra de Venise.

Dès l'ouverture du film, le spectateur baigne dans une atmosphère étouffante. Au tribunal, nous accompagnons le juge responsable de trancher si Antoine (Denis Ménochet), père divorcé, peut ou non obtenir la garde partagée de Julien (Thomas Giorgia), ce que ni l'enfant, comme en témoigne une lettre, ni la mère (Léa Drucker), qui semble s'être coupée, par protection, de toute émotion, ne souhaitent. Lors de ce huis clos - où l'espace est fragmenté, les partis opposés jamais représentés dans le même cadre, la juge seule face à des témoignages contradictoires - s'esquisse déjà le fondement de la déchirure: bien qu'Antoine soit fiable et calme selon ses collègues, sa famille l'accuse de violence physique. Ces deux tendances s'incarnent merveilleusement chez Denis Ménochet, robuste, massif, avec cependant quelque chose d'enfantin, de naïf, dans le regard.

Par une analyse fine qui cristallise son incapacité, malgré la sincérité de son amour, à tenir compte des autres, de leur volonté ou de leurs sentiments, l'œuvre nous révélera, avec toujours plus de tension, le comportement pathologique d'Antoine.
Une fois la garde obtenue, on comprend vite l'intérêt effectif de ce dernier: tenter de régner, sur la vie de son ex-femme, la contrôler. Dès lors, la menace est constante: l'homme pénètre sans avertir chez elle, manipule insidieusement son fils et lui ordonne impétueusement de révéler l'adresse de leur domicile actuel. Cette scène de harcèlement est d'ailleurs particulièrement réussie. Balloté entre la peur et l'envie de protéger sa mère, Julien, dans la camionnette avec son père, tente tant bien que mal de résister à la pression, alors même que la panique s'affiche toujours plus ostensiblement sur son visage.

Jusqu'à la garde serait une magnifique réussite si le réalisateur n'avait pas, sur la fin, fait le choix de basculer dans le thriller et d'impliquer le spectateur émotionnellement d’une manière un peu facile, en insistant, par des plans rapprochés d'une certaine durée, sur l’expression des personnages terrorisés et bouleversés. Le sujet du film semble en lui-même suffisamment fort pour que ce parti pris de mise en scène relève du superflu.

Sabrina Schwob

Appréciations

Nom Notes
Sabrina Schwob 16
Geneviève Praplan 12
Nadia Roch 14
Antoine Rochat 13
Georges Blanc 12