Fauves

Fauves est un film surprenant. Tourné à La Chaux-de-Fonds et dans ses environs, coécrit et réalisé par un cinéaste suisse, il donne au spectateur l’impression, pas si courante que ça, d’avoir réellement été baladé, sollicité, heurté voire malmené, le tout en ayant ressenti une bonne dose de plaisir, parfois coupable, et souvent décomplexé. Interprété par d’excellents acteurs (dont Jonathan Zaccaï, parfait dans ce rôle de victime qui se révèle être le pire des sales types), le film est une curiosité qui, sans atteindre le même niveau, louche vers le Dupontel de Bernie ou du Créateur. C’est-à-dire une histoire saugrenue, parfois violente, pleine d’humour noir. Pleine aussi d’invraisemblances qui ne gâchent nullement le plaisir car on n’est pas ici dans un profond réalisme mais dans un scénario qui va parfois nous entraîner au-delà de la folie, au-delà de la morale. Le pessimisme ambiant sur la nature humaine propose d’ailleurs un soi-disant happy end qui ne trompe personne. La mise en scène, simple mais nerveuse, installe une tension permanente et croissante. Quelques petites longueurs se ressentent parfois dans les scènes réellement réalistes. Mais lorsque le film ou ses personnages partent en vrille, les longueurs disparaissent laissant le public dans un tourbillon d’incrédulité joyeuse et d’incongruité. Certes, Fauves aurait pu aller plus loin, être plus mordant encore, mais ces quelques longueurs mises à part, il constitue un ensemble réussi.

Le public aura en outre la satisfaction de voir plusieurs comédiens habitués des scènes romandes, dans des rôles plus que figuratifs, de vrais rôles avec du texte.