Love Me Not

Affiche Love Me Not
Réalisé par Alexandros Avranas
Pays de production Grèce
Année 2017
Durée
Musique Sian Bolland
Genre Drame, thriller socio-politique
Distributeur Bellevaux
Acteurs Eleni Roussinou, Manos Vakousis, Christos Loulis
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 784

Critique

Le quatrième film du réalisateur grec Alexandros Avranas se présente comme un véritable brûlot socio-politique. Un couple d’une classe sociale hellénique très aisée engage une jeune femme comme mère porteuse. On discute des détails du contrat et la jeune femme s’installe dans leur luxueuse villa. Le mari (Chistos Loulis) négocie, tandis que sa femme (Eleni Roussinou) - son visage glacé donne l’impression qu’elle se bat contre la dépression - garde ses distances. Quelques jours plus tard le mari est appelé de nuit pour aller identifier un corps brûlé dans la carcasse de sa voiture.

Voilà pour la mise en place de ce film qui joue avec les genres (drame social, thriller et horreur domestique) et qui tente de dresser un tableau de l’immoralité d’une société en pleine crise. Mari et femme vont laisser tomber peu à peu leurs masques et dévoiler leurs vrais visages, ceux d’une cruauté sans limites éthiques et ceux d’un monde de relations relevant du commerce, du fric et du pouvoir.

Tragédie en trois actes, Love Me Not est soutenu par une photographie faite de gros plans statiques, de scènes d’intérieur souvent muettes (une sorte de huis clos). Le pessimisme du propos ira s’accentuant jusqu’au plan final. Il sera intéressant de connaître l’accueil que le public grec réservera à ce film.

Le cinéaste défend en tout cas ses idées et sa position comme suit: «Le film s’inspire de faits réels qui se sont produits en Grèce en 2011. Extrême ou non, c’est quelque chose qui s’est passé et qui se passera de nouveau. Les ‘histoires peu conventionnelles’ (comme celle-ci) trouvent leur origine dans notre société et elles semblent devenir de plus en plus fréquentes. Le film tente de remettre en cause les valeurs morales inhérentes à toute relation humaine. Les relations fondées sur l’exploitation et le cannibalisme existent pour être étudiées. C’est triste de constater à quel point l’ego prend de l’importance de nos jours. Comme si les sentiments - la compassion, l’empathie et la sympathie - appartenaient maintenant au passé. (…) Il est vrai que la société grecque pourrit de plus en plus, à cause de ses problèmes politiques et financiers. C’est important pour moi de proposer quelque chose de l’ordre du sursaut par rapport à un état de somnolence qui semble infini. C’est la raison principale qui me pousse à faire de tels films.»

Love Me Not est une histoire qui se durcit en cours de route, un récit de plus en plus noir où plusieurs scènes relevant du sadisme mettent en évidence l’abandon de toute forme de morale. Voilà une métaphore radicale rappelant, comme dit le cinéaste, «le besoin des gens de se dévorer et de se dominer les uns les autres». On regrettera cependant que Love Me Not en reste là: le cinéaste ne cherche pas à évoquer les causes d’une telle situation et n’indique aucune piste qui pourrait se révéler utile pour en sortir. Les images finales, implacables, claquent comme un jugement sans appel.


Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 14