Réalisé par | Naomi Kawase |
Titre original | Hikari - Radiance |
Pays de production | Japon, France |
Année | 2017 |
Durée | |
Musique | Ibrahim Maalouf |
Genre | Drame, Romance |
Distributeur | Filmcoopi |
Acteurs | Tatsuya Fuji, Masatoshi Nagase, Ayame Misaki, Kazuko Shirakawa, Kanno Misuzu |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 783 |
Prix du Jury Œcuménique de Cannes 2017, Vers la lumière est un film personnel et ambitieux, souvent poétique, toujours intéressant, qui tente de parler de l’imaginaire, qui laisse place à l’espoir, à la part intime de soi-même et à la réflexion de chacun sur sa propre existence.
Spécialiste de l’audiodescription de films pour malvoyants, la jeune Misako (Ayame Misaki) passe son temps à décrire les objets, les situations, les sentiments, le monde qui l’entoure et les images qui défilent sur l’écran. Lors d’une séance de travail - la projection d’un film s’accompagnant des commentaires qu’elle a prévus -, elle rencontre Masaya (Masatoshi Nagase), un photographe qui se permet de critiquer ce qu’elle a fait, un homme dont la vue est par ailleurs en train de se détériorer. Naissent alors des sentiments forts entre cet homme qui perd la lumière et cette femme qui la recherche.
La cinéaste japonaise Naomi Kawase précise que Vers la lumière est né des séances d’audiodescription réalisées pour son film précédent (An - Les Délices de Tokyo): «J’étais fascinée par le travail des audiodescripteurs et ma présence à leurs côtés leur a permis de me questionner directement sur le vocabulaire et les intentions de ma mise en scène». Dans son nouveau film la réalisatrice s’efforce de traduire sur l’écran, avec justesse et subtilité, la «vérité» de chaque personnage à travers son visage et ses silences.
L’histoire d’amour contrarié de Misako et Masaya reste le fil rouge du film. Leur trajectoire est faite de destins plus ou moins liés, de souvenirs familiaux, d’images où la lumière joue un rôle évident. Une lumière qui peut éblouir ou rassurer, et être porteuse d’images passées pleines d’émotion.
Reste que Vers la lumière est un film constitué avant tout de séquences parfois peu reliées entre elles, portées par deux personnages qui manquent souvent de réelle présence. Sans doute est-ce voulu, sans doute est-il difficile de laisser place à l’imaginaire sans trop en dire, mais les relations entre les images et le monde, la lumière et la mémoire, le visible et l’invisible sont ténues. Les multiples gros plans des deux protagonistes - qui sont des solitaires - ne sont pas toujours chargés de sens et la réflexion sur l’audiodescription ne va pas très loin. Misako et Masaya n’en parlent pas beaucoup, alors qu’il y avait là sans doute une approche possible du cinéma, du pouvoir des images, en même temps qu’une étude intéressante des deux personnages qui apparaissent souvent déconnectés de la vie et de la réalité. Même s’il y a peut-être, chez Misako, comme une sorte de reflet, d’image-miroir possible de la réalisatrice elle-même: Naomi Kawase, on le sait, a connu une enfance difficile, abandonnée qu’elle a été par ses parents et élevée par un grand-oncle et une grand-tante. Peut-être y a-t-il ainsi, dans Vers la lumière, une tentative d’explorer le passé mystérieux et douloureux de sa propre famille.
Antoine Rochat
Misako qui aime décrire le monde qui l’environne fait de l’audiodescription de films pour malvoyants et non-voyants. Cet exercice n’est pas simple tant il s’agit de déployer au mieux et de manière précise l’imagination de ces auditeurs particuliers, sans « projeter » ses propres émotions et interprétations. Lors de séances tests avec quelques auditeurs, elle fait la connaissance d’un photographe de renom en train de perdre la vue. Après An – Les Délices de Tokyo, la réalisatrice japonaise révèle à tout un chacun les enjeux de l’audiodescription et ce faisant associe le spectateur à un exercice d’attention inédit et à développer en particulier son ouïe et sa vue. On est ici bien loin du handicap à plaindre, pour au contraire le recevoir comme une leçon adressée à ceux qui n’en souffrent pas. Misako veut progresser et se souviendra pour cela de la manière dont, enfant, son père la conduisait à assister au coucher de soleil. Et alors que la santé de sa mère décline, elle en vient à comprendre, plus encore à recueillir au plus profond ce propos du photographe : « Rien n’est plus beau que ce qu’on a sous les yeux et qui s’apprête à disparaître ». Frémissements dans les feuilles, traits de lumière qui irradient les plans, forment, avec les accords musicaux composés et interprétés par Ibrahim Maalouf, un poème visuel et auditif d’une intensité rarement atteinte.
Serge Molla
Nom | Notes |
---|---|
Antoine Rochat | 16 |
Serge Molla | 20 |
Georges Blanc | 16 |
Adèle Morerod | 19 |