Florida Project (The)

Affiche Florida Project (The)
Réalisé par Sean Baker
Pays de production U.S.A.
Année 2017
Durée
Musique Matthew Hearon-Smith
Genre Drame
Distributeur filmcoopi
Acteurs Willem Dafoe, Caleb Landry Jones, Brooklynn Prince, Bria Vinaite, Karren Karagulian
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 781
Bande annonce (Allociné)

Critique

Le scénariste raconte avoir eu l'idée du film alors qu'il s'approchait de Disney World en Floride. Ayant remarqué de nombreux motels aux couleurs de Mickey au bord de la route, il a ensuite appris qu'ils étaient habités non pas par des touristes mais par des familles pauvres qui y vivotent toute l'année dans une grande misère, offrant un contraste indécent avec la proximité du royaume du rêve et du bonheur.

Excellente idée que d'avoir voulu montrer et dénoncer cette réalité pathétique. Le film est malheureusement à côté de la plaque. La situation de départ n'est pas développée mais simplement soulignée à gros traits scène après scène, le scénario se contentant, à défaut de dérouler un récit, d'aller de plus en plus loin dans la noirceur et le sordide gratuit. D'autre part, la très jeune héroïne, une fillette de six ans, est méchante, mal élevée, et entourée d'adultes qui se complaisent dans leur statut de victimes. Impossible donc de ressentir la moindre empathie pour ces personnages. Tout ça est pénible et surtout très long.

Heureusement il y a le dernier quart d'heure dans lequel le récit démarre enfin réellement et emmène le spectateur vers une conclusion réussie, forte, à la triste inéluctabilité. Le dernier plan est d'ailleurs saisissant et lourdement symbolique. Et heureusement il y a Willem Dafoe, comme souvent magnifique. De plus, son personnage est profond, touchant, alors même qu'il traverse cette histoire en en étant plus observateur que partie prenante. L'acteur porte sur ses seules épaules tout ce que le film compte par moments d'humanité, de tendresse et d'émotion.

Philippe Thonney


Moonee, 7 ans, fait les quatre cents coups dans les environs du motel où elle vit avec sa mère, Halley, de 22 ans. Accompagnées de ses amis, elle redessine un univers enchanté là où règnent avant dénuement et combines pas très nettes. Chaque nouvel arrivant ou repas obtenu gratuitement est l’occasion de fête et de jeux, parfois un peu dangereux. Mais de fait, la friction avec la réalité se fait de plus en plus menaçante.

Dans les couleurs pop de la Floride, Sean Baker explore cette enfance sauvage, qui reconstruit pourtant les mêmes codes, quelque soit son cadre. Guère plus adaptée au monde des adultes, la jeune maman est en quelque sorte le pont par lequel tous les malheurs arrivent. Se démenant comme elle peut pour faire vivre sa fille tout en se moquant des règles, elle finit par être rattrapée par sa situation. Le poids de ce destin finit immanquablement par briser la bulle de rêves dans laquelle évoluent les enfants. La petite Brooklynn Prince, fascinante, incarne parfaitement ce mélange d’indécence et d’innocence propre à son âge. A noter aussi Willem Dafoe dans le rôle touchant du manager du motel, qui régit son domaine avec agacement et tendresse, lui-même un peu loser, comme tous ceux qui l’entourent.

La fin du film, sorte de respiration suspendue, ne fait pas oublier le constat sombre porté par le réalisateur. Aucun jugement n’est porté sur les personnages, prisonniers d’un système où la violence et la pauvreté sont imposées même aux plus jeunes.

Adèle Morerod

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 6
Georges Blanc 10
Adèle Morerod 12
Nadia Roch 4