Critique
Deux frères et leur sœur (Artus de Penguern, Jean-Pierre Darroussin et Muriel Robin) pourront se partager le gros héritage de leur mère décédée, à condition d'accomplir ensemble et à pied le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. Cela tombe très mal, ils ne s'aiment pas et détestent marcher. Mais que ne ferait-on pas pour de l'argent? Les voici en route avec leur guide et six autres personnes, toutes portant leur sac à dos et leurs préoccupations personnelles. Les malentendus, les disputes vont jalonner l'itinéraire qui sera aussi l'occasion de faire connaissance.
Coline Serreau a été gâtée, elle a tourné son film dans les superbes décors naturels du pèlerinage. Le paysage donne de la force à ce groupe de personnages hétéroclites, mus par des désirs très différents. Mais la réalisatrice, aidée par des comédiens qui ont parfaitement compris leur rôle, sait aussi donner beaucoup de chair à des êtres plutôt bourgeois, capricieux, et dans l'ensemble, pas très heureux. A l'exception des quelques clichés puisés dans le répertoire du rire facile, cette comédie fait se succéder de jolis moments, grâce à une fine observation des caractères et une tendresse réelle pour les protagonistes.
Chacun selon son tempérament se retrouve face à lui-même. La belle santé de la nature semble les aider, tous, à chercher ce qu'ils enfouissent derrière les apparences, ce qu'ils ont de meilleur. Ils se découvrent en douceur, le long du chemin, au fil de petits incidents que la réalisatrice française met joliment en scène. La réconciliation avec soi-même, sans doute est-ce là le vrai sens du pèlerinage.
Geneviève Praplan
