Buena Vista Social Club: Adios

Il y a une vingtaine d’années, après s’être rendu à la Havane à La recherche et à la découverte d’un groupe de musiciens fabuleux dont la réputation n’était pas encore parvenue jusqu’à nous, Wim Wenders nous avait offert un festival de musique cubaine incomparable. Compay Segundo, Ibrahim Ferrer, Ruben Gonzales, Eliades Ochoa, Orlando Lopez sont alors des musiciens et des chanteurs dont le nom nous est devenu familier. D’une moyenne d’âge avoisinant les 70 ans, ils avaient tous, en leur temps, participé de près à l’évolution de la musique cubaine. Oubliés et pauvres quelques mois plus tôt, certains ayant même arrêté la musique depuis des années. C’est alors qu’un disque et un film vont les propulser au rang de stars mondiales.

C’est une partie de ces musiciens, les survivants, ainsi que quelques nouveaux, que l’on retrouve dans ce documentaire qui consacre le parcours de ces artistes, de leur naissance (au début du XXe siècle pour certains!) à leur tournée d’adieu à La Havane en 2016.

On peut voir dans ce film un récit nostalgique sur ces hommes et ces femmes et sur cette musique si particulière, mais aussi découvrir ce qu’il est dit, au travers des nombreuses images d’archives et des interviews, de leurs liens avec leur pays et le monde. D’une manière ou d’une autre, c’est une page émouvante qui se tourne sur la puissance résiliente des rythmes cubains face à la bêtise de la politique notamment. D’un côté, des artistes de 60 à 90 ans, la plupart nés pauvres ou ayant grandi dans des conditions misérables, de l’autre un «lider maximo» fermant les boîtes de nuit d’un trait de plume.