Corps et âme

Endre (Morcsányi Géza), cinquantenaire taciturne et complexé par un handicap physique, est directeur d'un grand abattoir industriel en Hongrie. Il rencontre Maria (Alexandra Borbély), nouvellement engagée dans l'entreprise, une jeune femme autiste et d'une grande intelligence. Ils découvrent par hasard qu'ils font tous deux chaque nuit le même étrange rêve. Ce point commun surréaliste les poussera à tenter de sortir de leur solitude respective dans laquelle la vie les a enfermés, et de se rapprocher.

Corps et âme est un film extrêmement déroutant. D'abord parce qu'il s'agit d'un pur drame, violent, sombre et surtout au premier degré, alors qu'avec l'idée de départ on pouvait s'attendre à une allégorie, une fable sur l'inconscient, la solitude ou les rapports humains. D'autre part, la cinéaste n'hésite pas à provoquer un profond malaise en nous montrant sans filtre et sans trucage certaines mises à mort et décapitations de bovins dans cet abattoir ultra moderne, des images qui feraient un malheur dans une campagne antispéciste; ou en filmant avec une brutalité glaciale et un total réalisme une scène de tentative de suicide dans une salle de bains immaculée. Mais qu'a voulu nous dire la réalisatrice ? Que les rêves bouleversent le quotidien ? Ou que les émotions, le sexe et même la mort sont pour les personnages aussi aseptisés que leur environnement professionnel ? Ou les deux ? Ou rien de tout ça ? Difficile de savoir où elle veut en venir. Un film à la fois malsain, introverti, obscur et parfois, grâce à la mise en scène brillante et aux deux prodigieux acteurs, d'une grande beauté. Curieux et hermétique mélange.