Réalisé par | Kaouther Ben Hania |
Titre original | Aala Kaf Ifrit |
Pays de production | Tunisie, France, Suède, Norvège, Liban, Qatar, Suisse |
Année | 2017 |
Durée | |
Musique | Amine Bouhafa |
Genre | Policier, Drame |
Distributeur | trigonfilm |
Acteurs | Mariam Al Ferjani, Ghanem Zrelli, Noomane Hamda, Mohamed Akkari, Chedly Arfaoui |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 777 |
Avant de passer à la fiction avec La Belle et la meute la cinéaste tunisienne Kaouther Ben Hania s’est fait connaître par plusieurs films documentaires. Avec son dernier long métrage elle entre résolument dans la fiction, tout en adaptant un fait divers qui avait défrayé la chronique il y a quelques années.
En neuf chapitres composés chacun d’un seul plan-séquence (d’une bonne dizaine de minutes, plongeant le spectateur dans la sensation du «temps réel»), la réalisatrice raconte l’effroyable nuit passée par Mariam (Mariam Al Ferjani), une jeune étudiante tunisienne de 21 ans qui, au sortir d’une soirée dansante, déclare avoir été violée par des policiers. Elle cherche alors à déposer plainte, mais sans succès. Un ami, Youssef (Ghanem Zrelli), l’aide dans ses démarches avant d’être arrêté lui-même par les forces de l’ordre (il serait un «militant», donc un ennemi du régime).
Ballottée d’un commissariat à un autre en passant par des hôpitaux Mariam sera humiliée, brutalisée, renvoyée, personne ne voulant croire à son récit. La loi de son pays ne peut (ou plutôt ne veut) rien faire pour elle.
Chacun des neuf chapitres (superbement filmés) correspond ainsi à un affrontement et à un lieu - Mariam et la caméra de la réalisatrice y sont comme enfermées - et chacun constitue une étape de la réflexion de la jeune femme. Mariam comprendra peu à peu qu’elle ne doit compter que sur elle-même et que l’aide de la société civile ne pourra venir qu’après…
Kaouther Ben Hania ne montre aucune image de violence physique, mais décrit l’angoisse grandissante de Mariam tout en maintenant dans le récit une tension qui ne se libérera que lors de la dernière séquence.
Au fur et à mesure du déroulement de cette tragique soirée le film devient, au travers d’un très beau portrait de femme, comme l’image allégorique d’un pays (la Tunisie de l’après-2011 bien sûr, mais on pourrait penser à beaucoup d’autres régions du monde) et le tableau d’une société en crise (mauvais fonctionnement de l’administration, complicité interpolicière suspecte, gabegie dans les hôpitaux), où la dignité humaine, où les droits élémentaires d’un(e) citoyen(ne) ne sont pas respectés.
L’actrice principale, Mariam Al Ferjani (Mariam), image ici de la tragédie et de l’innocence, est excellente, perdant peu à peu son côté enfantin et s’affirmant femme devenue adulte. La Belle et la meute est un film de qualité, une fiction qui s’appuie sur des événements vécus et bien ancrés dans la réalité.
Antoine Rochat
Inspirée d’une histoire vraie, librement adapté de l’ouvrage autobiographique de la victime «coupable d’avoir été violée», ce film raconte l’histoire du viol de Mariam par des policiers lors d’un contrôle à la sortie d’une boîte de nuit.
L’affaire avait remué les consciences en Tunisie en 2011: une adolescente avait décidé de porter plainte contre ses bourreaux, fonctionnaires de l’ordre, bravant avec courage de nombreux obstacles. Affrontant les innombrables pressions, aussi bien des médecins que des avocats, qui tentent d étouffer «l’incident», la jeune femme se bat avec courage et détermination pour que justice soit rendue. Le combat est particulièrement difficile, sachant que la honte liée à un tel acte se reporte sur la victime et sa famille. La loi du silence est dans de telles circonstances la voix de la raison, mais Mariam, seule, démunie, trouvera la force de ne pas renoncer.
Vêtue d’une robe sexy bleue nuit, ce vêtement est le symbole à la fois de la liberté et de l’opprobre. En effet, les regards sont sans complaisance, comme si le fait de porter une tenue aguichante autorisait le viol.
Le film, subtil et intelligent, montre qu’il existe encore des actions pires que l’agression sexuelle: la véritable torture morale et psychologique imposée à la victime, interprétée par Mariam Al Ferjani, qui réussit à transmettre l’émotion au spectateur, ce dernier devenant le témoin de cette lutte, se sentant impuissant, indigné et révolté devant tant d’injustice. Mariam devient une véritable héroïne, prouvant que la seule issue possible, malgré les humiliations qu’elle subit, reste la résistance.
Kaouther Ben Hania explique: «Je voulais raconter l’histoire en une seule nuit». Cette urgence, même si elle est oppressante, rend le film crédible et lui donne presque la force d’un documentaire.
Dans la réalité, le procès dure deux ans mais les coupables sont condamnés à 12 ans de prison. Par contre, la jeune femme sera sévèrement jugée par une partie de la société tunisienne: une femme émancipée, désirant vivre sa vie, est nécessairement une «pute». Mariam finira par fuir son pays et le regard accusateur des siens pour se réfugier en France.
Nadia Roch
Serge Molla
Nom | Notes |
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Antoine Rochat | 18 |
Nadia Roch | 18 |
Serge Molla | 18 |
Adèle Morerod | 18 |
Georges Blanc | 16 |