Vallée du sel (La)

Sa mère est suissesse, son père est égyptien. Christophe Magdy Saber a quitté l’Egypte pour étudier le cinéma à l’Ecole cantonale d’art de Lausanne. Alors qu’il se prépare à passer ses vacances de Noël au Caire, un courriel lui apprend que ses parents ont reçu des menaces de mort. «J’ai senti que quelque chose d’important était en train de se produire, que c’était mon devoir de réalisateur de capter des images.»

A la fin de 2012, l’Egypte est présidée depuis six mois par Mohamed Morsi et les Frères musulmans. La Révolution du Printemps arabe n’a apporté que le chaos, si l’on en croit des témoignages de la rue. Les parents du réalisateur sont chrétiens. Ils ont fondé, vingt-deux ans plus tôt, un centre d’aide en Basse-Egypte, dans la Vallée du sel. Mais aujourd’hui le rejet des chrétiens par certains musulmans est violent.

Bouleversé, Christophe M. Saber filme sur le vif ces jours de Noël assombris par la menace. Son angoisse - et celle des siens - est on ne peut plus compréhensible. Pourtant le film ne parvient pas à la rendre, malgré une qualité d’image intéressante. Les longs plans dans lesquels il ne se passe rien diluent la tension et le documentaire ne la documente pas.

Il y aurait eu tout un reportage à réaliser sur les coptes, la matière est douloureusement épaisse. Quel genre de travail d’aide fournissent les parents du réalisateur, qui sont les chrétiens soutenus, comment vivent-ils leur croyance, que dire des attentats qui les ensanglantent périodiquement, comment ont-ils vécu le changement de gouvernement?

Un vrai scénario, bien construit et un montage plus exigeant auraient resserré la tension sur la famille et sur son désarroi face aux menaces. Ils auraient aussi aiguisé la difficile question de fuir ou rester. Ainsi auraient été mis en valeur l’engagement des parents et le grand courage de leur résistance.