Burning Out

Affiche Burning Out
Réalisé par Jérôme Le Maire
Pays de production France, Belgique, Suisse
Année 2016
Durée
Genre Documentaire
Distributeur Outside the Box
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 6 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 773

Critique

Le cinéaste Jérôme le Maire a poussé la porte de l’Hôpital St-Louis, à Paris, pour filmer ce qu’on appelle aujourd’hui la pathologie du burn out. Inspiré par l’ouvrage du chercheur Pascal Chabot (Global burn-out), le réalisateur belge, auteur de plusieurs documentaires remarqués, a suivi pendant deux ans les membres d’une unité chirurgicale d’un des plus grands hôpitaux de la capitale française.

Sa caméra a enregistré l’activité d’un bloc opératoire fonctionnant comme «à la chaîne»: huit à dix interventions quotidiennes dans chacune des 14 salles d’opérations. Avec une organisation du travail très réglée, mais très contraignante : le personnel médical et paramédical est sur les dents, l’atmosphère est tendue et un certain dysfonctionnement s’installe.

Dans les salles d’opérations le cinéaste a filmé les interventions, captant finement, comme avec une loupe, des moments de vie, enregistrant les propos des intervenants. En recueillant les avis et les confidences des uns et des autres, en filmant aussi les séances de travail, les réunions de service et les audits (avec ou sans la direction), le réalisateur a tenté de saisir les causes de ce mauvais fonctionnement. Et cela non par l’utilisation de témoignages a posteriori de malades ou de médecins, mais en s’efforçant de saisir sur le vif les signes d’une grave perturbation du système.

Le constat est souvent accablant, le fonctionnement de l’établissement s’appuyant sur une politique de rentabilité à tout prix. Et le cinéaste d’ajouter: «Malheureusement il semble bien que la situation de cet hôpital français est plus une norme qu’une exception. Notre monde moderne a transformé les hôpitaux en entreprises de soins de santé et les patients en objets.»

Jérôme le Maire a cherché à mettre en évidence les raisons de cette dérive - liée à un souci d’efficience, de productivité et de performance - et il l’a fait avec le maximum de précision possible, tout en gardant la distance nécessaire dans un contexte aussi sensible. Médecins et personnel soignant l’ont bien accueilli, convaincus que le cinéaste pouvait leur être utile dans les démarches aujourd’hui entreprises pour trouver des remèdes à leurs problèmes.

Des problèmes que l’on rencontre, on le sait, dans beaucoup d’autres secteurs de notre société. Le film en reste à un constat, les solutions sont à trouver…

Antoine Rochat