Central Station

Affiche Central Station
Réalisé par Walter Salles
Pays de production Brésil, France
Année 1998
Durée
Musique Antonio Pinto, Jaques Morelembaum
Genre Drame, Comédie dramatique
Distributeur Mars Distribution
Acteurs Fernanda Montenegro, Vinicius de Oliveira, Marilia Pera, Soia Lira, Othon Bastos
N° cinéfeuilles 361

Critique

"Découverte d'un Brésil insolite grâce à une institutrice retraitée et à un gamin craquant.

Comment une vieille fille se met à fondre pour un garçonnet et se lance dans une longue randonnée, c'est ce que raconte cette espèce de ""road movie"" à la brésilienne.

Au coeur de la mégapole qu'est Rio, un vaste microcosme: la gare centrale (Central Station). Des milliers de personnes y transitent, toutes sortes d'échoppes y fleurissent, mille petits drames s'y déroulent, des mafieux contrôlent le commerce. Chaque jour, une institutrice à la retraite vient arrondir ses fins de mois en proposant ses services d'écrivain public. Messages d'amour, lettres administratives, réclamations, tout y passe. La mère d'un petit garçon vient dicter une lettre à l'intention du père qui a abandonné le domicile conjugal puis s'en va; par malheur, elle se fait écraser par un bus. Son fils zone plusieurs jours dans le hall de la gare, vivant d'expédients. L'écrivain public finit par le prendre en pitié et l'héberge, puis le vend à une organisation qui prétend fournir des parents en quête d'enfants adoptifs. Avertie par une amie qu'il peut s'agir d'une filière de trafiquants d'organes, elle récupère l'enfant et décide de lui faire retrouver son père.

La suite est une longue galère à travers les immenses espaces du Brésil, avec des rencontres insolites et le lent apprivoisement réciproque de la femme et de l'enfant. Des paysages magnifiques, la musicalité de la langue, les couleurs apportent un dépaysement bienvenu.

Le réalisateur porte un regard plein d'amour sur ses personnages, et la chaleur humaine brésilienne, dépassant depuis longtemps et largement les frontières raciales, fait du bien. Les acteurs sont extraordinaires; l'écrivain public, qui a dû être une très belle femme, ne craint pas de montrer les cabosses de la vie, et l'enfant, prodigieux, donne l'impression d'avoir déjà vraiment ""morflé"", comme on dit familièrement. L'absence de dossier de presse ne me permet pas d'en dire plus sur la distribution, mais le naturel des interprètes est confondant.

Difficile de dire quelle carrière fera ce film brésilien, flûte douce dans le concert tonitruant hollywoodien. Sans aucun rapport avec le sujet, il n'est pas sans rappeler l'ambiance de CINEMA PARADISO. Espérons que, là aussi, le bouche-à-oreille fonctionnera efficacement, car ce petit chef-d'oeuvre le mérite largement."

Daniel Grivel