Réalisé par | Sofia Coppola |
Pays de production | U.S.A. |
Année | 2017 |
Durée | |
Genre | Thriller, Drame |
Distributeur | inconnu |
Acteurs | Kirsten Dunst, Nicole Kidman, Colin Farrell, Elle Fanning, Oona Laurence |
N° cinéfeuilles | 773 |
Lors d'une cueillette de champignons, en pleine guerre de Sécession, Amy (Oona Laurence), une jeune adolescente, tombe sur un déserteur de l'armée ennemie à terre (Colin Farrell). Malgré le risque qu'il représente – nous sommes dans le Sud – elle l'amène, vacillant, au pensionnat où elle réside avec quelques filles abandonnées, la détentrice des lieux, Edwina (Kirsten Dunst) et l'enseignante protectrice, Miss Martha (Nicole Kidman). Il est décidé, d'un commun accord, que le Corporal McBurney séjournera en leur compagnie – en captivité – le temps de sa convalescence.
Cette situation initiale permet à Sofia Coppola d'explorer, en adoptant le point de vue des femmes, le remuement causé par une présence masculine. Le vernis de vertus qu'elles exposent va s'effacer à son contact et libérer un désir farouche. Chacune des résidentes va créer un rapport particulier – paternel, charnel, amoureux – avec le Corporal qui devient dès lors l'objet central de l'attention.
Spontanément, on pourrait s'étonner de la fadeur, de l'absence de charisme de ce soldat qui suscite pourtant une grande ferveur. Dépeint à l'image comme une surface vide, chacune peut y projeter ce qu'elle désire – rôle qu'il accepte de jouer, dans un premier temps, pour son intérêt. Rien ne nous est donné à voir de lui, sinon son corps, en pleine activité physique ou soigné par Miss Martha. De plus, le traitement en superficie de ce protagoniste suscite un doute quant à la sincérité de ses propos. De manière évidente, une dissonance s'exprime chez le spectateur lorsqu'il déclare sa flamme à Edwina. Leur rencontre est filmée en plan large et rien, dans le jeu du Corporal, ne permet d'identifier le moindre sentiment, tandis qu'elle, avant même qu'ils ne se rencontrent véritablement, semble déjà éprise d'amour pour lui. Détestant sa vie actuelle, son souhait le plus cher est de quitter cette demeure, ce qu'exprime magnifiquement la prestation de l'actrice : d'une présence effacée, elle est comme ailleurs, jetant toujours des regards hors champ.
Le seul aspect un peu bancal des Proies réside dans sa résolution où les éléments sont amenés de manière trop rapide pour sembler crédible. La tension ne prend pas et le changement trop radical de comportement du Corporal, suite à un drame, laisse pantois.
Sabrina Schwob
Fin de la guerre de Sécession, dans le Sud, quelques jeunes filles résident encore dans un pensionnat, entourées – gardées ? – par la directrice (Nicole Kidman) dudit établissement et son assistante. Ce microcosme très organisé et presque sourd aux lointains bruits de la guerre et insensible à la réalité de l’esclavage se voit perturbé par la découverte alentour d’un soldat (Colin Farell) yankee. Le recueillant et le soignant – on se dit chrétien dans cette institution –, le gynécée s’émeut. Or, le cœur ayant des raisons que la raison ne connaît pas, toutes les pièces s’assemblent progressivement pour, dans un premier temps, déstructurer la microsociété et, dans un second temps aussi radical que dramatique, déboucher sur un drame mortifère inéluctable aux accents comiques décalés.
Si l’atmosphère du Sud profond est bien rendue, la réalisatrice offre davantage de belles images qu’elle ne propose véritablement de point de vue. Cette fois-ci, pas plus que lorsqu’elle traitait de Marie-Antoinette, l’histoire ne semble l’intéresser, ce qui explique qu’elle ne se résume qu’à quelques infimes détails. L’ensemble – remake du film de Don Siegel de 1971 avec Clint Eastwood en lieu et place de Colin Farell – devient donc un produit léché sans grand intérêt, porté par d’excellents acteurs qui en assureront le succès au box-office.
serge molla
Prix de la mise en scène
Serge Molla