Yéniche Sounds

Affiche Yéniche Sounds
Réalisé par Karoline Arn, Martina Rieder
Titre original Unerhört Jenisch
Pays de production Suisse
Année 2017
Durée
Genre Documentaire
Distributeur inconnu
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 6 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 772

Critique

Projet apparemment mené par Stephan Eicher, anxieux de remonter la piste de ses origines, Yéniche Sounds nous entraîne dans les montagnes grisonnes, à la rencontre des familles d’anciens immigrés. Et de la musique «schwytzoise», telle qu’on la désigne un peu hâtivement. Si tous les Moser, Waser et Kollegger de la région jouent, qui de l’accordéon, qui de la contrebasse, ce sont les mélodies yéniches qui les habitent.

Ce documentaire est donc l’occasion de découvrir, derrière ces sons que l’on considère comme traditionnels, les récits d’un peuple dit «du voyage», accueilli puis persécuté. En effet, jusque dans les années 1970, les enfants yéniches étaient régulièrement arrachés à leur famille, afin d’éviter les héritages culturels, perçus comme des tares. Un pan de l’histoire suisse peu glorieux mais plein d’actualité. Qui aurait cru que tant de douleur, de déracinement se cachaient dans ces chants? Les uns après les autres, groupes et individus, musiciens et proches, évoquent l’exil, la discrimination. Mais aussi le pouvoir bénéfique de la musique et les liens indéfectibles qu’elle crée, de génération en génération.

C’est dans ces moments-là que le film convainc vraiment: quand les mains, traquées par la caméra des deux réalisatrices, s’envolent sur les instruments et que les visages s’illuminent. Le jeune Patrick Waser, à qui est donnée l’opportunité de jouer avec Stephan Eicher dans l’une des plus belles scènes de composition du film, en est l’exemple le plus touchant. Car même aujourd’hui, la vie ne semble guère facile dans ces régions grisonnes. En témoignent surtout les femmes, oubliées d’alors, oubliées encore, qui attendent de tout temps que les hommes rentrent à la maison.

Adèle Morerod