Visages Villages

Affiche Visages Villages
Réalisé par JR, Agnès Varda
Pays de production France
Année 2016
Durée
Musique Matthieu Chedid
Genre Documentaire et fiction
Distributeur agorafilms
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 6 ans
Age suggéré 10 ans
N° cinéfeuilles 772
Bande annonce (Allociné)

Critique

Agnès Varda et le photographe JR, les deux réalisateurs du film, ont des points communs, en particulier une forme de recherche et d’exigence vis-à-vis des images et de la façon de les présenter: l’écran pour la cinéaste, les grandes galeries de photos en plein air pour JR.

Tous deux se sont rencontrés en 2015 et ont aussitôt eu envie de tourner un film ensemble, en véritables complices, en partant à la découverte des villages de France et de ce qui se cache dans le pays profond, cela en utilisant le camion photographique (un peu magique) de JR: les gens sont conviés à entrer dans le véhicule pour faire une photo d’identité, mais chacun en ressort avec une immense affiche de son visage…

Au gré de ces rencontres - inattendues, intéressantes ou loufoques - Agnès Varda et JR sont allés vers les autres, les ont écoutés et photographiés. Et leurs photos, de très grandes dimensions, ont été collées sur des murs, sur des façades de maisons.
Ce film est aussi (et surtout) l’histoire d’une amitié entre eux, mais il va en même temps bien au-delà: Agnès Varda (surtout) et JR parlent d’eux-mêmes (elle a 89 ans, lui 34), mais aussi de la vie en général.

La cinéaste n’a plus toute son acuité visuelle, mais on sent malgré tout chez elle un regard affûté, celui de la documentariste qu’elle a toujours été, dans tous ses films, et de la réalisatrice qui a su surprendre, ravir et émouvoir. Visages Villages a un côté mélancolique et s’en va souvent tutoyer, discrètement, les problèmes existentiels: la jeunesse et le vieillissement, le temps qui passe et que l’on veut saisir par l’image, pour le rendre éternel…

Le film nous entraîne ainsi dans toute la France, du Havre à la vallée de la Durance, de Paris au village provençal de Bonnieux, ailleurs encore, même à Rolle… Agnès Varda et JR ont donné la parole à des ouvriers de l’industrie, à des mineurs, des agriculteurs, à un facteur, une serveuse, une gardienne de chèvres, etc. Surgissent des souvenirs anciens et personnels - ceux de la réalisatrice surtout - qui s’inscrivent tout naturellement dans la démarche. Les images sont belles, étonnantes: on gardera en mémoire celle d’un vieux bunker allemand, tombé sur une plage normande, et sur lequel sera collée une immense photo d’un ami de la cinéaste. Visages Villages est, comme le dit Agnès Varda, un film sur le regard: «C’est le regard qui est au centre du film, parce que c’est notre métier de regarder. Est-ce qu’on s’amuse en regardant? On a envie d’aimer les gens avec lesquels on travaille, et qu’ils se sentent aimés.»

Un film riche, profond et malicieux.

Serge Molla