Grand Froid

Grand Froid nous convie à une aventure pour le moins étrange. Road movie décalé, il suit une petite équipe de pompes funèbres, qui s’occupe comme elle peut en attendant une fermeture définitive. Il y a Edmond Zweck (Olivier Gourmet), le patron, qui tente de préserver les apparences jusqu’au bout. Son bras droit, Georges (Jean-Pierre Bacri), dont l’énergie est concentrée à trouver la bonne formule pour son épitaphe. Enfin, dernier de la bande, Eddy (Arthur Dupont) conserve tout l’enthousiasme de la jeunesse, malgré le cadre un peu déprimant. Un jour, l’événement arrive sous la forme d’un mort inespéré. L’espoir renaît! Mais c’était sans compter un trajet extrêmement long et compliqué pour l’amener jusqu’au cimetière.

Adaptation d’un roman de Joël Egloff, Edmond Ganglion et fils, l’histoire a apparemment séduit le réalisateur par sa dimension absurde. Absurde que le film reprend pleinement. Et sur certains points, ça fonctionne: le face-à-face entre les pompes funèbres et le restaurant chinois, tout aussi déserté, l’immensité vaine des paysages glacés, le côté désarticulé des répliques. Et l’attente. De quoi? On ne sait pas toujours. Autre réussite, le duo Bacri-Dupont, inadéquat au possible, tant leurs visions de la vie et de la mort diffèrent. Malheureusement, ce film lent, comme figé par le froid qui règne partout, ne parvient pas à contrer l’ennui qui s’installe progressivement. On attendait Beckett, on repassera.