Ghost Hunting

Affiche Ghost Hunting
Réalisé par Raed Andoni
Titre original Istiyad Ashbah
Pays de production Palestine, France, Suisse, Qatar
Année 2016
Durée
Genre Documentaire
Distributeur inconnu
Acteurs Ramzi Maqdisi
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 769

Critique

Le Jury de la dernière Berlinale a décerné le Prix du meilleur documentaire à Ghost Hunting, second long métrage du cinéaste et producteur palestinien Raed Andoni. Le film aborde un problème lié au conflit israélo-palestinien : le réalisateur a retrouvé et engagé des hommes qui ont séjourné - tout comme lui d’ailleurs - dans la prison et le centre interrogatoire d’Al-Moskobiya, à Jérusalem.

Tourné à Ramallah le film peut se définir comme une expérience cinématographique originale, faite de plusieurs témoignages personnels, ou encore comme une sorte de thérapie collective : les anciens prisonniers ont en effet été traumatisés par leur détention et par les interrogatoires musclés dont ils ont été victimes.
Des volontaires ont donc répondu à l’appel de Raed Andoni et ont participé à la mise en place du tournage de ce documentaire, en reconstruisant d’abord les décors de la prison et des cellules où ils ont été incarcérés, en se référant à leurs propres souvenirs, mais à partir d’images forcément lacunaires puisqu’en tant que prisonniers on leur mettait un sac sur la tête toute la journée. A travers des jeux de rôles ces anciens détenus vont accepter de revivre pour le film tous les mauvais traitements qu’ils ont subis.

«J’ai utilisé tous les dispositifs que j’ai trouvés pour les aider à creuser dans leur subconscient, pour retirer couche après couche les filtres du refoulement, précise le cinéaste. Et je leur ai dit que si c’était trop dur, ils étaient libres de partir. J’ai aussi fait venir des psychologues sur le plateau pour encadrer ce projet».
Le film relève ainsi à la fois du documentaire et de la fiction, les «acteurs» rejouant leurs propres rôles et ceux de leurs geôliers. Les participants évoquent leurs souffrances, tandis que surgissent aussi d’autres récits, d’autres personnages - des femmes, les enfants de ces hommes - qui viennent se mêler à leurs cauchemars.

Ghost Hunting est constitué d’une suite d’images souvent crues et certaines scènes vécues sont rejouées comme pour en exorciser la violence. Le spectateur éprouve parfois une certaine difficulté à différencier les moments où les personnages sont vraiment en train de revivre leur propre passé de ceux où ils procèdent à des répétitions de telle ou telle scène du film en tournage et qui relèvent de la fiction. Témoignage douloureux de l’affrontement israélo-palestinien, Ghost Hunting est une tentative intéressante de redonner la parole aux victimes de ce conflit.

Antoine Rochat