Court (En instance)

Affiche Court (En instance)
Réalisé par Chaitanya Tamhane
Titre original Court
Pays de production Inde
Année 2014
Durée
Musique Sambhaji Bhagat
Genre Drame
Distributeur Outside the Box
Acteurs Vira Sathidar, Vivek Gomber, Geetanjali Kulkarni, Pradeep Joshi, Usha Bane
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 767
Bande annonce (Allociné)

Critique

Narayan Kamble (Vira Satidar) chante des poèmes politiques, comme chaque jour, dans un quartier pauvre de Bombay. Il ne se doute pas que la police lui attribue la mort par suicide d’un employé du Service des égouts, un suicide provoqué, selon elle, par ses textes contestataires. L’avocat Vinay Vora (Vivek Gomber) prend sa défense contre le procureur, Madame Nutan (Geetanjali Kulkarni). Commence alors un procès dont l’évolution labyrinthique laisse entrevoir les failles du système judiciaire et policier.

Tourné à Bombay, le premier film de Chaitanya Tamhane s’enracine profondément dans la réalité indienne. Fiction à part entière, il se base cependant sur des documentaires de procès récents, des discussions avec des avocats et des académiciens. Par ailleurs, le réalisateur a assisté à plusieurs audiencesau tribunal de première instance. Ces diverses expériences ont nourri le scénario.

Pourtant, le film va plus loin. Car plutôt que de se concentrer sur la procédure et laisser sa caméra dans des salles d’audience entièrement reconstituées (il est interdit, en Inde, de filmer une vraie cour de justice), Tamhane suit les protagonistes dans leur quotidien qui en devient une sorte de caisse de résonnance. A moins que le procès ne bruisse lui-même du grouillement inquiet et empesé de la ville.

Empesé parce que toujours règne une craintesous-jacente de la loi, de la hiérarchie, du protocole, des castes qu’on peut enfreindre sans même s’en rendre compte. La liberté se trouve du côté de l’agitateur NarayanKamble  qui préfère aller en prison plutôt que de renoncer à la parole. Ainsi Tamhane brosse-t-il un portrait haut en couleur de Bombay.

«Chaque personnage appartient à une réalité différente de la ville. Comme des villes circonscrites au sein d’une métropole et qui réussissent à exister malgré tout. Le film tente de dépeindre ces gradations dès qu’on voit des personnes en dehors de la salle d’audience.» Le réalisateur montre aussi le logement et la nourriture «comme métaphore du fossé entre les différentes castes et les divisions sociales.»

Ce voyage dans une civilisation extrêmement complexe - où une femme peut occuper un haut rang judiciaire, mais doit couvrir ses épaules malgré la chaleur – se révèle passionnant. D’un paradoxe à l’autre, à travers des séquences longues mais d’autant plus riches, une population prend forme dans une apparence de modernité, constamment démentie par des réactions surannées.

Mis à part les quatre rôles principaux, les comédiens sont non-professionnels. «Ils apportent de la vérité et un certain sens du réalisme aux personnages, ce qui était essentiel pour ce film. Nous voulions rendre la ville de Bombay vivante, qui de mieux que ses habitants pour l’incarner?»

Serge Molla