Fantômes d’Ismaël (Les)

Affiche Fantômes d’Ismaël (Les)
Réalisé par Arnaud Desplechin
Pays de production France
Année 2017
Durée
Genre Thriller, Drame
Distributeur inconnu
Acteurs Charlotte Gainsbourg, Mathieu Amalric, Marion Cotillard, Louis Garrel, Alba Rohrwacher
N° cinéfeuilles 769
Bande annonce (Allociné)

Critique

Film d’ouverture du Festival de Cannes le dernier film d’Arnaud Desplechin, Les Fantômes d’Ismaël, pourra surprendre. L’œuvre, ambitieuse, n’est pas toujours d’une lecture aisée. Dans ce long métrage très personnel, le réalisateur continue de parler de lui et de sa famille (cf. Un Conte de Noël, 2008 - Trois souvenirs de ma jeunesse, 2014).

Ismaël Vuillard (Mathieu Amalric) est sur le point de tourner un film qui doit être le portrait d’Ivan (Louis Garrel), un diplomate atypique inspiré de la figure de son propre frère. Par ailleurs il ne se remet toujours pas de la mort de Carlotta (Marion Cotillard), disparue il y a vingt ans, même si, depuis, il a séduit Sylvia (Charlotte Gainsbourg) et semble heureux de vivre auprès d’elle. Mais un jour Carlotta réapparaît : Sylvia décide alors de s’en aller, tandis qu’Ismaël fait mine de repousser sa première femme. Une forme de bizarrerie semble alors le gagner, il quitte le tournage de son film et retourne dans sa maison familiale de Roubaix pour s’y enfermer, assailli par les images de son passé.

Les Fantômes d’Ismaël se présente comme une chronique familiale, une histoire de vie chamboulée très difficile à résumer. Ou alors il faudrait entrer dans les détails de ce labyrinthe narratif… Le film, très (trop) bavard, emmène le protagoniste principal et le spectateur sur plusieurs pistes pendant 1 h 54 (si l’on se réfère à la version «cannoise», mais il y en a une autre de 2 h 15…), laissant à chaque personnage le soin d’exprimer ses sentiments, avec parfois de la gratuité dans la démarche. Le comédien Mathieu Almaric est fort sympathique, mais, en constant repli sur lui-même ou en proie à l’insomnie, son comportement n’est pas toujours explicable.

Le commentaire final d’une des protagonistes (ultime séquence du film) ne permet pas d’y voir beaucoup plus clair et donne l’impression que scénaristes et réalisateur ont décidé d’abandonner Ismaël à ses contradictions internes, à ses cauchemars et à ses fantômes. Double portrait d’un diplomate (Yvan) qui traverse le monde sans y comprendre grand-chose et d’un réalisateur (Ismaël) qui n’y voit pas très clair non plus, le film de Desplechin parle d’amour et d’espionnage, de confusion mentale et de rêves fantomatiques, de retour du monde des morts. Le casting est excellent, mais tout cela part un peu dans toutes les directions, les repères temporels se brouillent, et le film balade longuement spectateur et protagoniste principal dans les méandres d’un univers ambigu.

Antoine Rochat