Réalisé par | Albert Serra |
Pays de production | Espagne, France |
Année | 2015 |
Durée | |
Musique | Marc Verdaguer |
Genre | Historique, Drame, Expérimental |
Distributeur | Cinémathèque suisse |
Acteurs | Jean-Pierre Léaud, Patrick d'Assumçao, Marc Susini, Irène Silvagni, Bernard Belin |
Age légal | 14 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 767 |
En août 1715, à l’âge de 77 ans, Sa Majesté Louis XIV fait sa promenade quotidienne dans les jardins de Versailles. On entend le chant des oiseaux et le roulement entraînant d’un carrosse. Voici le roi contemplant un parterre de roses. Dernier contact avec le monde extérieur, dernier sentiment de liberté. Sa jambe le fait souffrir, son état s’aggrave, il est obligé de s’aliter mais il continue d’honorer ses obligations. A son chevet, dans un ballet silencieux, se relaient courtisans, médecins plus ou moins compétents, ecclésiastiques, valets, et autres conseilleurs militaires. Le vieux souverain sait que ses jours sont comptés. Il commence à faire ses adieux et prodigue ses derniers conseils à son arrière-petit-fils, le futur Louis XV.
Loin du biopic platement factuel, ce film aussi poignant, original et enrichissant que flatteur pour les yeux se concentre sur le crépuscule du Roi Soleil et plus précisément sur les deux semaines durant lesquelles il lutte contre la gangrène qui finira par l’emporter. De fait, on a rarement vu un personnage d’une envergure pareille dégager une telle humanité, un tel courage, une telle grandeur. Faire de la mort, plutôt de ses prémisses, un récit aussi détaillé, ce n’est pas banal. Encore moins lorsqu’il s’agit du Roi Soleil, patron des arts. L’art, justement, c’est ce qui frappe très vite dans la réalisation d’Albert Serra qui a conçu et organisé l’espace étroit de la chambre royale comme un tableau, entre nature morte et peinture de cour. On pense bien sûr à une certaine peinture flamande.
Assigné en quelque sorte au rôle d’observateur privilégié, au même titre que l’un ou l’autre de ceux qui, impuissants, entourent le lit de Sa Majesté, le spectateur suit le lent processus de dégradation d’un homme qui accepte sa fin. Impressionnant d’intensité, Jean-Pierre Léaud incarne magistralement Louis agonisant.
Georges Blanc