United States of Love

Le titre United States of Love résonne de manière ironique, voire tragique, face à des personnages aussi égoïsteset malheureux. En suivant quatre destins de femmes, le film explore la question du désir inassouvi. Agata, Iza, Marzena, Renata se croisent de loin dans une Pologne pas encore pleinement réveillée après la chute du Mur. Enfermées dans leur obsession – pour un prêtre, pour un mari, pour une autre – elles sont progressivement rongées par l’impossibilité de la satisfaire. Jusqu’à l’irrémédiable…

Le désir est ici quelque chose qui coule de manière secrète, honteuse. Dissimulé derrière les visages figés, il se heurte sans cesse aux surfaces froides qui sont le seul décor de ces vies errantes. Aux longs plans d’immeubles grisâtres qui ponctuent le film répond d’ailleurs un silence de mort. Les petites lumières des fenêtres semblent dès lors indiquer d’autres histoires tout aussi tristes plutôt que des voies parallèles plus heureuses. Et pourtant, à plusieurs reprises, des discours extérieurs – religieux ou éducatifs – mettent en avant la puissance de l’amour et ses beautés. On espère alors les voir s’incarner soudain à l’écran… en vain. Ces femmes brûlées de l’intérieur restent fermées au monde, cruelles dès qu’il ne s’agit plus d’elles. Difficile donc de les suivre pleinement dans leur souffrance, elles qui paraissent ne chercher aucune approbation extérieure.
Toutefois, sont-elles vraiment les uniques monstres ? Au vu des figures masculines du film, au mieux inconscients de leur souffrance mais avant tout lâches et abjectes, on ne peut les condamner définitivement. On ne peut que rester avec un sentiment de malaise profond devant un monde aussi déshumanisé.