Miss Sloane

John Madden avait déjà dirigé Jessica Chastain en 2010 dans L’Affaire Rachel Singer,  et lui donna le scénario de Miss Sloane directement, sans passer par son agent, car il n’imaginait pas quelqu’un d’autre dans ce rôle. Excellent choix, tant l’actrice est éblouissante de présence et de nervosité de bout en bout dans ce rôle. Elizabeth Sloane est au début du film l’archétype de la femme-requin manipulatrice et efficace, lobbyiste manipulant tout Washington depuis les coulisses. Les circonstances l’amèneront à s’attaquer au tout-puissant lobby des armes à feu, en tentant de les éliminer des esprits et de la Constitution américaine. Devant pour cela s’attaquer à de nombreuses personnes haut placées, elle sacrifiera jusqu’à sa sécurité dans ce combat.

Miss Sloane est un thriller politique haletant et parfaitement maîtrisé, dans la droite ligne des Hommes du Président (Alan J. Pakula, 1976) de Ghost Writer (Roman Polanski, 2010) ou des Marches du pouvoir (George Clooney, 2011). Il faut certes un petit moment pour entrer dans le récit. Très rapide et surtout très verbeux, le premier quart d’heure fait craindre qu’il faille être un spécialiste des lobbyistes et en maîtriser parfaitement les codes et le vocabulaire pour tout saisir. Mais on est rapidement entraîné dans le tourbillon concocté par un scénariste inspiré, qui ne nous épargne pas, surtout vers la fin, révélations et coups de théâtre, sans que cela ne paraisse fabriqué ou facile. Le film réussit même à faire avaler au public certaines ficelles un peu grosses (celle des cafards espions par exemple), tant le récit est prenant.  Outre Jessica Chastain, parfaite en femme-tueuse en quête de rédemption, le film bénéficie d’un casting bien trouvé, avec notamment les excellents Mark Strong et John Lithgow. Miss Sloane est un parfait point de rencontre entre un grave sujet de société contemporain et du cinéma de pur divertissement, efficace et malin.