Réalisé par | Grand Corps Malade, Mehdi Idir |
Pays de production | France |
Année | 2017 |
Durée | |
Musique | Angelo Foley |
Genre | Comédie dramatique |
Distributeur | inconnu |
Acteurs | Nailia Harzoune, Pablo Pauly, Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly, Franck Falise |
Age légal | 10 ans |
Age suggéré | 14 ans |
N° cinéfeuilles | 764 |
Grand Corps Malade, de son vrai nom Fabien Marsaud, allait avoir vingt ans, en 1997, lorsqu’un plongeon dans une piscine au niveau d’eau trop bas l’a rendu tétraplégique. A force de volonté, il a pu renouer avec la vie, pour devenir un poète musicien célèbre. En 2012, il s’est révélé écrivain avec un premier livre, Patients,qui raconte son drame et ses conséquences. Aujourd’hui, il en signe l’adaptation cinématographique avec le vidéaste Mehdi Idir, une fiction, basée sur des faits réels, qui démontre la difficulté du handicap, mais aussi le talent d’un cinéaste tout neuf.
Les faits, on les connaît de loin. Ce qu’on ignore souvent, ce sont les détails d’une existence dont l’action la plus magistrale se limite à bouger un doigt. Ben (Pablo Pauly) passe d’abord des semaines à réaliser ce qui lui arrive. Enfin remis de son accident, il est transférédans un hôpital de rééducation et découvre sa nouvelle chambre, son nouveau quotidien, ses nouveaux devoirs. Totalement paralysé, il doit attendre qu’on lui beurre ses tartines, subir la télévision qu’il ne parvient pas à déclencher, accepter ses voisins et un personnel soignant pas toujours irréprochable.
Commencent alors les efforts pour retrouver la mobilité, millimètre par millimètre. C’est le premier aspect illustré par les réalisateurs, cette infinie patience qu’il faut entretenir à chaque instant pour essayer de se réparer sans perdre courage. L’autre aspect, la vie sociale de Ben qui se découvre des amis, semble arriver à point pour l’aider à supporter sa condition. Mais pour le public, mieux que n’importe quel documentaire, l’inventaire des cas, la diversité des réactions qu’ils entraînent donnent la mesure des obstacles à surmonter.
Le temps et le geste prennent une toutautre dimension. Grand Corps Malade et Mehdi Idir font face. Animé par des comédiens excellents, leur film se construit sur un découpage précis, comme une succession de clips qui tendent le rythme d’une séquence à l’autre. Ainsi s’écoulent, sans ennuyer les spectateurs, les heures qui, pour les patients, sombrent dans la torpeur de l’immobilité.
Certes, les journées sont vouées à l’auto-contemplation – la traque du progrès accompli –, on y pallie cependant. Les échanges, rendus avec autant de fidélité que possible, sont structurés par un humour juste et intelligent. Il n’y a pas de complaisance entre les patients; et s’ils vont parfois trop loin, la similitude des situations dissipe la mauvaise humeur.
Pourtant, non, le milieu n’est pas idéalisé. La générosité qui unit Ben à ses amis handicapés est fortement liée à une sorte de fatalisme. Elle adoucit une cruelle réalité que les cinéastes ont voulu expliciter : la perte totale ou partielle de l’autonomie. Les détails qui en témoignent frappent l’esprit, si nombreux sont ceux qu’on n’imagine pas, si énormessont la complexité et l’humiliation de la dépendance!
Se gardant de toute trivialité, Grand Corps Malade et Mehdi Idir maîtrisent les équilibres. Leur excellente mise en scène éclaire un sujet ô combien délicat sans en éroder la gravité. Patients, apporte beaucoup aux spectateurs ; ses qualités cinématographiques et son sens humain s’allient au chevet d’un drame qui trouve ici une résonnance beaucoup plus large que celle du fait divers.
Serge Molla
Nom | Notes |
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Geneviève Praplan | 18 |
Nadia Roch | 18 |