Safari

Affiche Safari
Réalisé par Ulrich Seidl
Pays de production Autriche
Année 2016
Durée
Genre Documentaire
Distributeur inconnu
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 764

Critique

Ulrich Seidl est un réalisateur dérangeant, qui est soit adoré soit détesté. Sa capacité à briser les tabous et à provoquer ne laisse guère indifférent. Il a signé de nombreux documentaires qui montrent sa perception d'une humanité en plein déclin. Avec Safari, il continue à « déglinguer » l'homme au sens large du terme, avec une férocité édifiante. 

Présenté hors compétition à la Mostra de Venise en 2016, le film aborde un sujet étranger à bien des personnes: la chasse. Les hommes pratiquent cette activité en toute légalité, en y prenant du plaisir. Les touristes viennent en vacances en Namibie pour s'adonner à ce passe-temps favori : ils choisissent leur animal dans un catalogue, paie selon le tarif en vigueur et un guide les emmène ensuite à l'endroit idéal pour atteindre leur cible. Tous les détails sont organisés pour abattre l'animal sans l'abîmer ; ensuite, les protagonistes posent, émus et empreints de fierté, pour la photo souvenir avec leur trophée. On retrouve l'atmosphère de l'époque coloniale avec des têtes et des peaux de bête comme décoration, synonyme de grandeur et de courage pour ceux qui les ont tués.

Le cynisme du réalisateur est accentué par la manière de construire son propos, en plaçant les hommes dans le cadre, comme si ces derniers constituaient les motifs de la tapisserie. Les chasseurs s'expriment face à la caméra, expliquant leur joie à simplement ôter la vie, ainsi que l'exaltation ressentie au moment où le coup de fusil va partir et la jouissance suprême de voir l'animal à terre. Une monstruosité pour les amoureux des bêtes et un acte normal, voire même civique pour certains, à l'image d'un jeune homme qui précise : "Tuer les animaux permet de les préserver des maladies et d’assurer leur propagation".

Si certains arguments sont défendables, assister à l'agonie et au dépeçage des bêtes est franchement éprouvant, tout comme l'est la situation des autochtones : ces derniers vivent pauvrement,recevant quelques morceaux de carcasse à ronger, exploités par ces riches chasseurs et propriétaires terriens.

Par ce portrait cruel d'une société en perdition, le cinéaste cherche à dégoûter... il y parvient mais il nous pousse également - comme d'habitude-  à réfléchir sur notre propre responsabilité face à l'avenir du monde...

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Nadia Roch 14