Harmonium

Affiche Harmonium
Réalisé par Koji Fukada
Titre original Fuchi Ni Tatsu
Pays de production Japon, France
Année 2016
Durée
Musique Hiroyuki Onogawa
Genre Drame
Distributeur xnix
Acteurs Tadanobu Asano, Mariko Tsutsui, Kanji Furutachi, Taiga, Momone Shinokawa
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 763
Bande annonce (Allociné)

Critique


Toshio (Kanji Furutachi) et Akiè(Mariko Tsutsui) forment un couple en apparences, mais ils ne parlent qu’à leur petite Hotaru (MomoneShinokawa). Un matin, Toshio trouve devant son atelier un ami perdude vue depuis des années. Yasaka (TadanobuAsano) n’ayant ni toit, ni travail, il l’engage. Peu à peu, l’ami se glisse dans les habitudes de la maison, aide Hotaru à faire ses devoirs et se rapproche de l’épouse.

Selon le réalisateur, «l’homme vit en société en faisant cohabiter des gens qui ne se comprennent pas, avec la famille comme plus petite entité représentative. Les humains sont par nature des êtres vivants portant tous en eux une solitude contre laquelle ils ne peuvent pas lutter. Ce que je voudrais décrire c’est une famille dans laquelle chacun prend conscience de cet état, mais est obligé de vivre malgré tout avec les autres, par fatalité.»

Koji Fukada, remarqué pour son Au revoir l’été (2014), dresse ici portrait sombre et troublant d’une famille rongée par le non-dit. Il construit patiemment son histoire, élément après élément, ne laissant deviner que les indices du drame qui la sous-tend. Rien ne se passe vraiment comme on pourrait l’imaginer et les surprises se succèdent.

Tout est tranquille dans cette banlieue japonaise, comme dans la maison de la famille, rythmée par les notes de musique que la petite fille joue sur son harmonium.Ainsi les images semblent-elles enveloppées de douceur. Rien n’est plus faux, pourtant. De douceur, il n’y a que l’attitude, celle du couple qui ne se dispute jamais, celle de l’amitié entre Yasaka et Toshio, ou encore celle qui rapproche Yasaka et Hotaru. Derrière ce rideau de bien-être, la violence est à l’œuvre, totalement implicite, aucun geste ne la fait exploser. La tension tire de toute part et l’on attend la rupture.

Fukada réussit parfaitement cette dualité. Les actes les plus dramatiques sont joués hors champ et leur teneur n’est pas entièrement révélée. Ce qui compte n’est pas l’anecdote, mais ce qu’elle provoque de suspicion, comment elle fissure les artifices de la famille. Pour le réalisateur, un individu n’est pas bon ou mauvais; c’est de la relation à autrui que naissent le bien et le mal.

Beau film, dénué d’effets, Harmonium fait réfléchir à ce qui se cache derrière l’apparence, aux secrets qui sont autant de preuves d’un manque de confiance. Alors que rien ne choque à première vue, l’impression laissée est profonde parce qu’au lieu de le fermer, il ouvre le champ des conjectures et laisse le public s’y engouffrer.

Geneviève Praplan


Ce drame familial est étrange et se distingue clairement en deux parties : la première présente la banalité d'une vie de famille dans laquelle le seul lien encore vivant dans le couple est la petite fille de 8 ans. Un jour, un bel homme débarque dans ce trio. Il sort de prison et on devine une ambiguïté dans la relation entre les deux mâles. Le visiteur est invité à séjourner chez la famille le temps de se retourner. Le maître de maison lui propose de travailler avec lui dans son atelier, jouxtant le domicile. L'épouse s'offusque de cette décision soudaine sans avoir été concertée mais peu à peu, elle se rapproche de cet étranger et son attirance pour lui devient compliquée à gérer… Avec un saut dans le temps de 10 ans, on retrouve la même famille mais avec des protagonistes se situant dans une configuration de vie bien différente, les personnages étant dévastés par un drame inexpliqué. 

L'intrigue joue sur ces zones d'ombres, dont certaines seront peu à peu élucidées mais toutes ne seront pas complètement expliquées. Les thématiques telles que les non-dits et la culpabilité sont au centre du récit. La religion est également présente: la femme et une fervente protestante alors que son mari n'est pas croyant. Le réalisateur explique lors d'une interview : «ce choix est de montrer que la foi devrait rassembler » mais que dans le cas présent, elle est un motif de rupture entre les deux adultes. Elle peut malgré tout être un remède permettant de soulager la souffrance.

Une œuvre surprenante qui dénonce les secrets enfouis et le manque de communication entre les membres de cette famille japonaise au bord de la rupture. Un mélodrame sombre qui vire au thriller psychologique.

Nadia Roch

 

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15
Nadia Roch 15
Anne-Béatrice Schwab 16
Antoine Rochat 16
Serge Molla 14