Silence

Affiche Silence
Réalisé par Martin Scorsese
Pays de production U.S.A., Italie, Japon, Mexique
Année 2016
Durée
Musique Kathryn Kluge, Kim Allen Kluge
Genre Drame, Historique
Distributeur elitefilms
Acteurs Ciarán Hinds, Liam Neeson, Tadanobu Asano, Andrew Garfield, Adam Driver
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 762
Bande annonce (Allociné)

Critique

Le réalisateur étasunien a confié à Paris-Match, combien le livre de Shusaku Endo (Silence, 1966) l’a obsédé. «Il est un dialogue avec des choses que l’on ne peut pas comprendre ou embrasser, des choses qu’on ne peut pas définir. Il nous fait ressentir à quel point la spiritualité fait partie de la nature humaine et nous nourrit.»

Il aura fallu des années à Martin Scorsese pour mener son projet à bien, difficultés de mise en scène, manque d’enthousiasme des acteurs, soucis financiers… Silence arrive enfin dans les salles, provoquant un mélange d’enthousiasme et de déception.

Le film parle de l’évangélisation du Japon du XVIIe siècle par les Jésuites, contre les Seigneurs féodaux et le bouddhisme. Lorsque le Portugais Ferreira (Liam Neeson) ne donne plus signe de vie, deux pères (Andrew Garfield et Adam Driver) décident de partir à sa recherche. Ils ne croient pas à sa mort, encore moins à son apostasie. Echoués sur une île de l’archipel, ils redonnent courage aux villageois convertis en secret. Pour autant, ils n’oublient pas leur engagement: retrouver le Père Ferreira.

D’entrée se retourne contre Martin Scorsese le choix de la langue de tournage. L’anglais est donné comme la langue maternelle des personnages portugais et japonais. Nous nous exprimons plus facilement en portugais que vous en japonais, dit en… anglais, un érudit nippon…

Cela gâche beaucoup du réalisme que par ailleurs, le réalisateur se fait un devoir de mettre en scène, tant par les reconstitutions que par la descriptiondes tortures. Mais il y a trop de démonstration, trop de longueurs qui diluent le propos.Car l’essentiel est ailleurs et c’est toute la difficulté: mettre en valeur les dialogues, sans les écraser par les images, si somptueuses soient-elles.

Silence pose avec force la question du travail missionnaire. Il met en scène le doute  des évangélisateurs face à la souffrance dont ils sont la cause, à la violence du rejet qu’ils provoquent. Ont-ils raison d’imposer leur foi à un peuple dévoué à une autre croyance? Les débats engagés sur ce point entre le gouverneur japonais et le Jésuite sont passionnants.

Des conversions ont lieu, mais à quel prix. Et qui se convertit ? Essentiellement les plus pauvres à qui l’on promet une vie meilleure après la mort… L’apostasie se justifie-t-elle pour sauver des vies? Y a-t-il un choix acceptable entre trahir Dieu et trahir les hommes?

Que signifie évangéliser? Faut-ily entendre la seule diffusion du message de paix et de fraternité ou l’imposition d’un Dieu unique, celui du christianisme, ainsi que la pratique des ritesconséquents. Y a-t-il de l’arrogance en cela, comme le suggère l’interprète Japonais?

Ce qui est sûr, c’est que le choc des cultures est flagrant dans Silence. Il est d’autant plus intéressant qu’il se joue entre deux civilisations tout aussi éduquées et raffinées. La confrontation entre les dogmes et les philosophies se joue sans manichéisme, dans unecompétition d’esprits quasiment égalitaires. C’est là l’intérêt majeur du film, ce qui lui donne une profonde singularité au cœur d’un cinéma hollywoodien dévolu au commerce.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15
Georges Blanc 18
Anne-Béatrice Schwab 18