Manchester by the Sea

Affiche Manchester by the Sea
Réalisé par Kenneth Lonergan
Pays de production U.S.A.
Année 2016
Durée
Musique Lesley Barber
Genre Drame
Distributeur universal
Acteurs Gretchen Mol, Michelle Williams, Casey Affleck, Kyle Chandler, Lucas Hedges
Age légal 1 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 762
Bande annonce (Allociné)

Critique

Il n’est pas toujours facile d’entraîner le spectateur sur les chemins de la mémoire d’un être dont il ne sait rien, de rendre palpable sa douleur, sa solitude irrémédiable. Il suffit pourtant ici de quelques plans sur Casey Affleck, rejeté dans le bord du cadre, la silhouette contractée dans une tentative de retrait du monde, pour qu’on ne parvienne plus à détourner les yeux. Alors que son personnage, Lee Chandler, revient dans le Manchester de sa jeunesse suite à la mort de son frère, se dévoilent progressivement les souvenirs, paysages et drames qui ont amené cet homme discret à se couper de la vie. Si le tragique n’est jamais loin, le film sait éviter avec habileté le piège du larmoyant ou du mélo. Le port, les visages, les paysages côtiers rythment les retrouvailles parfois difficiles entre Lee et ceux qu’il a aimés, en premier lieu le neveu dont il doit maintenant prendre soin. Cet ancrage dans un lieu, dans un quotidien – celui des pêcheurs – permet aux scènes déchirantes de naître dans la spontanéité qui leur est propre.

Rien de théâtral donc dans Manchester by the Sea mais la poésie, elle, ressurgit lorsqu’une parole est échangée et entendue, lorsque l’on prend la mer ensemble, lorsque les sentiments transparaissent enfin. Il est ici nécessaire de mentionner le rôle tenu par la musique. Présente en bloc, souvent un morceau entier – le plus frappant étant l’Adagio d’Albinoni dans ce qui est un des moments centraux du récit –, au lieu de se confondre avec les images et de jouer sur la corde sensible, elle vient au contraire affirmer son existence propre et laisse la scène en faire de même. Chacune s’en trouve ainsi renforcée, dans ce qu’elle contient déjà de pathétique ou de sublime, de dramatique ou de banal. Toutefois, quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, le centre, désaxé, du film, c’est le corps, le visage, les yeux, la voix et les silences de Casey Affleck. Si son retour vers les autres reste indéterminé, une image demeure une fois l’histoire refermée : celle de son sourire (adressé à la mer, à son frère ou peut-être à lui seul), alors qu’il est entraîné vers le large par le bateau de son neveu. Une fragilité de l’instant que Manchester by the Sea parvient à faire vivre pour nous.

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 15
Antoine Rochat 16
Nadia Roch 16
Georges Blanc 16
Anne-Béatrice Schwab 18