A Dragon Arrives ! Valley of Stars

Il en va de cette réalisation comme d’un puzzle dont on recevrait régulièrement quelques pièces. Certaines s’agencent immédiatement, à l’inverse d’autres qui, patience, finiront par s’emboîter.

En janvier 1965, au lendemain de l’assassinat du premier ministre iranien, le détective BabakHafizi rejoint l’île de Qeshm, dans le Golfe persique, où un prisonnier politique exilé vient de s’y suicider. Le policier aux allures d’un Blues Brother, lunettes à soleil au volant d’une Impala orange, soupçonne d’emblée qu’il s’agit d’un meurtre déguisé  en mort volontaire.

Pour quelles raisons ? Par qui ? Parleront-ils les murs de l’ancien bateau échoué en plein désert – la mystérieuse vallée des étoiles – où s’est produit l’acte, et ce d’autant plus qu’ils sont couverts de citations, de lignes personnelles… ? Pour l’aider dans sa tâche, Hafizi fait appel, à l’insu de sa hiérarchie, à un géologue et un preneur de son, car le décor, fantastique et bordé d’un cimetière, s’ouvre autant qu’il se ferme au gré de mouvements géologiques révélateurs.

Cinquante ans plus tard, Mani Haghighi lui-même raconte la réalisation du film projeté, tout en y mêlant quelques indices relatifs à la police secrète iranienne, la terrible Savak, dont faisait partie Hafizi. Même si l’on se perd ou peine à assembler toutes les pièces du puzzle, on retiendra la qualité de la photographie de ce film qui diffère sensiblement des productions iraniennes  récentes des Panahi (Taxi Téhéran) et Farahdi  (Le Client). Le politique s’énonce ici à travers une fiction qui conjugue le fantastique, le policier, le documentaire et le surréaliste, dans un décor créé de toutes pièces que l’on n’est pas prêt d’oublier.