Poesia sin fin

Affiche Poesia sin fin
Réalisé par Alejandro Jodorowsky
Pays de production France, Chili
Année 2016
Durée
Musique Adan Jodorowsky
Genre Fantastique, Biopic, Drame
Distributeur Adok
Acteurs Adan Jodorowsky, Pamela Flores, Brontis Jodorowsky, Leandro Taub, Jeremias Herskovits
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 758
Bande annonce (Allociné)

Critique

On pourrait dire du dernier long métrage de Jodorowsky – mime, clown, acteur, dramaturge, magicien, cinéaste et poète – qu’il ne ressemble à aucun autre film et qu’il donne l’impression de s’inventer au fur et à mesure du récit.

Né en 1929 à Tocopilla, au Chili, Alejandro Jodorowsky a tourné six films entre 1968 et 1990. Après une pause cinématographique d’une vingtaine d’années, il est revenu sur les écrans avec la Danza de la realidad (en 2013), une sorte de retour sur ses années d’enfance passées à Tocopilla. Poesia si fin constitue le deuxième épisode de sa vie, qui se déroule à Santiago, dans les années 1940-1950. Il a alors une vingtaine d’années. Entre Jaime (Brontis Jodorowsky), un père féroce qui veut faire de lui
un médecin, et une mère qui ne s’exprime qu’en chantant, le jeune Alejandro (Adan Jodorowsky), est attiré par la poésie – honnie par son père. Il fuit la maison, rejoint des amis artistes et découvre le monde de la bohème et une jeunesse en pleine effervescence. Il se lie d’amitié avec un autre poète, Nicanor Parra et, après plusieurs apparitions dans le monde du spectacle, il finira par quitter le Chili pour la France (en 1953).

Le cinéma de Jodorowsy (il a aujourd’hui 87 ans) a des attaches très vives avec le surréalisme, la psychanalyse et le rêve. Les qualités dufilm sont donc à chercher avant tout dans des images inattendues, desinventions visuelles surprenantes - par exemple les immenses photos d’époque (en noir blanc) qui, en tant que décors, recouvrent les façades des maisons dans les rues d’aujourd’hui, ou encore les centaines de figurants ninjas défilant lors de cortèges ou de manifestations politiques. Il y a aussi chez Jodorowsy une volonté de choquer, tant par ce que l’on voit que par ce que l’on entend (dans les dialogues). Les métaphores, les fantasmes et l’imaginaire occupent les premières places, mais le réalisme n’est pas absent non plus de ce récit autobiographique, et l’actualité apparaît parfois au détour des événements familiaux (allusions à la propagande nazie au Chili, séquence du retour au pouvoir de Carlos Ibanez à Santiago en 1952).

Présenté lors du dernier Festival de Locarno Poesia sin fin est un film qui ne se raconte pas, qui cherche ouvertement à éviter tout déroulement prévisible, tout schéma temporel classique. En cela il est déroutant et implique de la part du spectateur un constant réajustement du point de vue. La dernière séquence (les adieux d’Alejandro à son père) renvoie à celle de l’ouverture du film etannonce un prochain et troisième opus qui devrait se situer en France, dès les années 60.

Antoine Rochat

Appréciations

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