Louise en hiver

La solitude, le temps qui passe sont des thèmes chers au cinéaste breton Jean-François Laguionie, lui-même âgé de 76 ans. Cela fait pourtant une trentaine d’années déjà qu’il a écrit la nouvelle prolongée ici pour le grand écran. Ce cinquième film d’animation, tout entier dévoué à Louise, est un petit bijou de délicatesse qui consacre le vieillissement comme une période de ténacité et de prise en main.

A la fin de ses vacances à Biligen-sur-mer, Louise a raté le dernier train qui devait la ramener chez elle. Ses enfants ne venant pas la chercher, elle se résout bon gré mal gré à passer l’automne dans la station balnéaire déserte. Au lieu de sombrer dans le désespoir ou la colère, elle relève le défi, s’installe à la plage et s’arrange une vie de Robinson, aussi confortable que possible.

Les aventures de Louise sont ébauchées au fusain et peintes à la gouache sur un papier dont le grain transparaît. Ainsi le public peut-il approcher de très près la beauté du dessin et des couleurs. La douceur de ces images n’a d’égale que celle de l’histoire, émouvante métaphore de la façon de tenir tête à la solitude.
La vieille dame revoit son enfance – les souvenirs du réalisateur - lors de longues balades dans les dunes, accompagnée d’un chien tout aussi seul qu’elle. Elle répare, construit son asile d’hiver comme sa philosophie. Bref, elle résiste. Et pour fixer des souvenirs qui s’embrouillent de plus en plus, elle tient son journal que Catherine Frot lit à sa place; la voix parfaitement modulée de l’actrice donne beaucoup de présence et de vérité au personnage.

Jean-François Laguionie a voulu que Louise soit une vieille dame à l’apparence fragile, comme l’est la petite ville de Normandie où elle passe ses vacances. En fin de compte, lorsque les deux se réveillent au nouvel été, elles ont appris à tenir tête aux intempéries et à l’abandon.
Louise sera aimée par les enfants, comme par les adultes.