Tour de France

Après Saint-Amour en 2015, dans lequel il suivait la route des vins, Gérard Depardieu arpente à nouveau l’Hexagone dans le rôle d’un modeste maçon effectuant son pèlerinage annuel sur les traces de son peintre préféré, Claude Joseph Vernet. Il se retrouve contraint d’emmener avec lui un jeune rappeur de banlieue, menacé de mort par l’un de ses condisciples, et qui doit quitter Paris pour sa sécurité. Le choc des âges, des parcours, des mentalités entre un vieil admirateur de la France rurale et un fils d’immigré qui ne connaît que le rap et le béton, commenceront par être pesants pour tous les deux, avant que, bien sûr, ils ne s’apprivoisent et ne finissent par se comprendre et s’aider mutuellement.

Tour de France est un film sympathique, avec un discours de fraternité bienvenu dans notre époque, mais qui se contente malheureusement d’aligner des clichés et du déjà-vu, autant du côté de la Vieille France que de celui de la banlieue. La réalité de cette problématique n’est de loin pas si simple, et le réalisateur aurait pu faire bien autre chose que de rester en surface. Toutefois, il est évident qu’il ne souhaitait nullement faire un film politique ou dénonciateur mais une comédie dramatique accessible à tous, et il y est parvenu. On a très peur dans les dix premières minutes, déjà lassé par le langage banlieusard, le rap et les casquettes enfoncées sur les yeux, puis on se laisse embarquer dans le périple. Un voyage évidemment dominé par Depardieu, le plus emblématique des Gaulois, qui est ici absolument prodigieux, comme toujours. Le jeune acteur inconnu interprétant le rappeur n’est pas toujours très convaincant. Pour un premier film, donner la réplique à Gégé n’est pas chose facile, et on a l’impression parfois de voir son trac sur l’écran. Il fait toutefois preuve d’une bonne énergie. Faute d’humour, de tendresse ou de grand courage, Tour de France se voit avec plaisir mais s’oublie assez vite, contrairement à d’autres films avec des sujets similaires, tels que Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu, La Vache ou Les Femmes du 6ème étage.