Réalisé par | Jan Gassmann, Benny Jaberg, Michael Krummenacher, Tobias Nölle, Lisa Blatter, Gregor Frei, Carmen Jaquier, Lionel Rupp, Jonas Meier |
Titre original | Heimatland |
Pays de production | Suisse |
Année | 2015 |
Durée | |
Genre | Documentaire |
Distributeur | inconnu |
Acteurs | Jennifer Peedom |
Age légal | 14 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 755 |
Des nuages noirs et terrifiants obscurcissent le ciel helvétique. Les météorologues n’ont pas d’explications et ne peuvent que constater qu’un ouragan dévastateur va s’abattre sur le sol suisse. Les gens s’inquiètent, une épée de Damoclès est suspendue sur leurs têtes. L’Amère Patrie part de ce climat d’inquiétude pour tenter d’établir une sorte d’état des lieux du pays. Dix jeunes cinéastes suisses ont voulu parler de leurs compatriotes et des différents milieux sociaux que l’on peut rencontrer.
La première chose que l’on remarque c’est que les Helvètes ne réagissent pas tous de la même manière face au danger : les uns veulent l’ignorer, d’autres le minimisent, se calfeutrent chez eux, ou au contraire tentent de célébrer l’événement… Certains besoins surgissent, des sentiments de peur ou d’espoir se manifestent. La tempête qui s’approche crée des conditions nouvelles, dévoilant une forme d’éclatement politique et social de notre « amère patrie ». La menace de la tempête reste donc le fil conducteur de cette fiction qui intègre des dizaines de personnages que l’on va rencontrer ici ou là, perdre de vue, retrouver, etc. L’œuvre est collective, s’en ressent parfois dans sa complexité, mais les différentes trajectoires des protagonistes sont intéressantes et les problèmes évoqués pertinents : la tempête qui se déchaîne entraîne pannes électriques et coupures d’eau, panique générale (des magasins sont pillés) et débordements de foules, répression et récupération politique (discours UDC, présence de J. Ziegler, etc.), exode à l’étranger et afflux d’Helvètes aux portes des pays voisins.
Derrière les images d’Heimatland on découvre que la Suisse pourrait avoir changé depuis quelques années : la formule magique politique est-elle encore valable ? Les décisions populaires sont-elles toujours recevables ? Que dire de notre manière de respecter des droits de l’homme ? Qu’y a-t-il derrière les idéologies que nous défendons ? Qu’en est-il d’une forme très helvétique d’égocentrisme ? La Suisse, laisse entendre le film, ne vaut guère mieux que les autres nations. Dans sa démarche interrogative, Heimatland tente donc d’esquisser – sinon de dessiner - un visage de notre pays, derrière les façades, derrière les idéologies traditionnelles. Un travail difficile, un tableau complexe qui, dans une certaine mesure, laisse apparaître ce qui, dans une situation de grave tension, pourrait nous relier les uns aux autres, ou au contraire nous séparer… Une telle réflexion est
suggérée, mais – c’est sans doute là les limites d’une œuvrecollective - beaucoup de problèmes sont abordés trop succinctementpour pouvoir emporter notre adhésion. Mais on retiendra l’originalitéet le sérieux de l’entreprise, tout comme l’homogénéité et la qualité du jeu collectif des actrices et des acteurs.
Antoine Rochat
Nom | Notes |
---|---|
Antoine Rochat | 14 |
Anne-Béatrice Schwab | 8 |