Ciel attendra (Le)

Affiche Ciel attendra (Le)
Réalisé par Marie-Castille Mention-Schaar
Pays de production France
Année 2016
Durée
Genre Drame
Distributeur agorafilms
Acteurs Sandrine Bonnaire, Zinedine Soualem, Clotilde Courau, Noémie Merlant, Naomi Amarger
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 754
Bande annonce (Allociné)

Critique

Présenté au dernier festival de Locarno sur la Piazza grande, ce film a ému le public mais divise la critique.

Marie-Castille Mention Schaar aborde un sujet douloureux avec beaucoup de courage : la radicalisation des jeunes, plus précisément des filles.
Sonia (Noémie Merland), 17 ans, se laisse convaincre par l’idéologie de Daech, pensant ou-vrir à sa famille les portes du paradis. Mélanie (Noami Amarger), 16 ans, tombe amoureuse d’un jeune homme, d’un «prince » tel qu’il est nommé sur internet et se retrouve sur le chemin de l’embrigadement. Ignorant tout de leur projet, leurs mères (Clothilde Courau et Sandrine Bonnaire) vont tomber des nues et tenter de réagir pour les sauver. Deux trajectoires qui se croisent pour raconter cet enfer, celui des parents désarmés, plongés dans une profonde solitude. Le retour en arrière est-il possible ? Parviendront-elles à sortir de cet engrenage ?

La réalisatrice explique être tombée sur un article racontant le désespoir d’un homme parti à la recherche de sa sœur en Syrie. L’idée d’en parler devient comme une évidence, pour per-cer un mystère, un mystère que toute mère a envie d'interroger: comment des jeunes filles, éduquées, aimées, pleines de potentiel, peuvent-elles en arriver à de telles extrémités? Face à des parents complètement dépassés et perdus qui n’ont rien vu venir, le besoin de com-prendre s’impose. La cinéaste, pour traiter ce sujet brûlant, se documente longuement et fait appel à Dounia Bouzar – qui joue son propre rôle -  directrice du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam (CPDSI). Cette dernière accepte d’accompagner ce projet, et dès lors, l’équipe du film intègre celle de Dounia, découvrant une réalité qui fait froid dans le dos, soit la manière dont le processus d’endoctrinement se déroule. Dounia explique lors d’une interview le mécanisme pervers et habile: à l’aide des réseaux sociaux, Daech fait une étude psychologique des jeunes en étant masqué, choisit une proie généralement faible et sensible, et lui propose un idéal qui correspondant à sa personnalité.

Entre le documentaire et la fiction, le choix d’utiliser le cinéma pour dénoncer le radicalisme offre une perspective pédagogique intéressante, qui a pour but d’avertir les adolescents. "Ce qui m'intéressait, c'est l'adolescence, ces espèces de sables mouvants où une mauvaise rencontre peut vous faire mal tourner. Mais là, il y a un réseau qui est tellement fort en face que c'est comme un vampire qui ne vous lâche plus", souligne Marie-Castille Mention-Schaar. Cette dernière espère ainsi attirer l’attention des professeurs, pouvant utiliser ces images à des fins éducatives et préventives. En effet, selon des chiffres du gouvernement français révélés en mai 2016, près de 9.300 personnes sont recensées pour "radicalisation violente", dont 30% de femmes et 20% de mineurs.

Ce film n’est certes pas parfait dans sa réalisation: sa construction entretient le suspense lui donnant des allures de thriller, alors que le récit se veut proche du documentaire pour relater un drame social. Au final, le Ciel attendra séduit le spectateur par la force de son sujet.

Nadia Roch

Appréciations

Nom Notes
Nadia Roch 15
Anne-Béatrice Schwab 12