Flocking

La jeune Jennifer (FatimeAzemi) accuse son camarade de classe Alex(John Risto) de l’avoir violée, mais personne ne la croit : on la montre du doigt pour avoir osé porter une accusation aussi grave,tandis que la police et la justice ne prennent pas cette affaire très au sérieux. La communauté dans laquelle vit Jennifer n’est pas sans reproches : sous les airs civilisés d’un village (suédois) où tout le monde seconnaît, où le respect des convenances et de la cohésion sociale est primordial, règne une belle hypocrisie.

Plusieurs cinéastes nordiques (Lars von Trier, Thomas Vinterberg – on pense à La Chasse) se sont déjà attachés à pointer leurs caméras surles sociétés scandinaves. La réalisatrice Beata Gärdeler a aussichoisi de parler de ses compatriotes, mais avec une orientation différente, plus psychologique que sociale. Dans La Chasse c’était toute une communauté d’une petite cité danoise qui se transformait en accusatrice et bourreau d’un enseignant accusé de pédophilie. Ici c’est le point de vue de la «plaignante» qui est en première ligne, Jennifer devenant la tête de turc de ses camarades de classe et de l’ensemble des villageois. Et l’Eglise - les habitants sont tous de fervents paroissiens - ne joue pas là-dedans un rôle très clair.

Le spectateur est placé dans une position inconfortable, ne sachant pas si Jennifer dit la vérité : elle n’est pas une héroïne parfaite et l’accusé apparaît parfois comme un brave garçon, un peu muet,apparemment sans histoire. Dans ce film à l’écriture très classique et retenue, la réalisatrice s’intéresse autant à Jennifer qu’à Alex, mais elle reste finalement assez distante de ses protagonistes.Toute ressemblance avec la réalité est loin d’être fortuite – on parle d’un scénario inspiré de faits réels. Film qui se veut avant tout dramatique, de tonalité sombre, Flocking n’offre guère de lueurd’espoir dans cet univers où chacun est perdant…