Réalisé par | David Mackenzie |
Titre original | Hell or High Water |
Pays de production | U.S.A. |
Année | 2016 |
Durée | |
Musique | Nick Cave, Warren Ellis |
Genre | Western, Thriller, Drame |
Distributeur | elitefilms |
Acteurs | Jeff Bridges, Ben Foster, Chris Pine, Gil Birmingham, Marin Ireland |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 754 |
Un petit moment de bonheur nous est proposé sur la Croisette, dans la sélection «Un Certain Regard». En effet, dans ces étendues fascinantes du Texas, le cinéaste nous présente une intrigue qui n'est pas sans rappeler celle de No Country for Old Men (Joelet Ethan Coen, 2008), mais traitée de manière beaucoup plus légère. Le film de David Mackenzie, réalisateur écossais qui pourtant capte de manière remarquable les héros du Texas, met en scène des cowboys et leur coutume. Marcus (Jeff Bridges) incarne un shérif à l'aube de la retraite: il traque comme dernière affaire des bandits, pilleurs de banque. Il s'agit de deux malfrats, des frères désargentés qui ont un rapide besoin d'argent : Toby (Chris Pine), honnête citoyen à la base, mais prêt à tout pour subvenir aux besoins de ses garçons et Tanner (Ben Foster), qui sort de prison et qui désire venir en aide à son frangin, sachant que cette mission lui sera probablement fatale. Ces personnages correspondent à l'image des mauvais garçons mais inspirent une forte sympathie, provoquée par le fait qu'ils volent des institutions bancaires, dont les financiers sont considérés par les texans eux-mêmes comme les pires escrocs de la région.
Ce road-movie, inspiré du western, est parfaitement maîtrisé. Les voleurs sont malins, ils évitent de prendre des billets marqués pour ne pas être repérés. Tout est traité simplement et de façon brute à l'image des paysages. L'action oscille entre le réalisme et le burlesque. Les horizons immenses, desséchés par un soleil intense, captent l'attention du spectateur, tout comme le récit qui dénonce une crise économique et sociale telle que le citoyen, jadis défenseur des lois, trouve aujourd'hui des solutions parfois malhonnêtes pour tenter de survivre. Le réalisateur par ailleurs précise : «… le film offre une réflexion sur l'Amérique contemporaine et sur les questions des rapports entre communautés,sur la légitimité des armes à feu, du comportement inique des banques, du déclin de l'Ouest traditionnel, de l'éclatement des familles et de la société, et du besoin de se faire justice soi-même». En dehors de ces considérations pertinentes, un fait important et primordial à ne pas négliger: on s'amuse, on apprécie et on se détend, caractéristiques de plus en plus rares au cinéma.
Nadia Roch
Basé sur une histoire de Taylor Sheridan, l’auteur de Sicario, ce western road-movie plonge au cœur du territoire ardent du Nouveau Mexique, avec sa chaleur, sa poussière, sa régulation bien particulière de la justice. Suite au décès de leur mère et afin d’éviter la saisie de la propriété familiale, deux frères, interprétés par Chris Pine et Ben Foster, et aussi unis que différents, braquent quelques banques alentour dont les banquiers sont associés à des rapaces. Deux Texas Rangers, que tout oppose, l’âge comme l’origine, se mettent alors à les traquer. Ainsi, à la veille de sa retraite, le vieux briscard (Jeff Bridges) suit son intuition, bien décidé qu’il est à ne rien lâcher– tout comme le faisait Jack Nicholson dans The Pledge/La Promesse réalisé par Sean Penn –, tout en s’appuyant sur son co-équipier taciturne mi-indien mi-Mexicain (Gil Birmingham).
Tout a l’air simple, trop simple, les bavures et la violence sont au-rendez-vous, et pourtant le film évite les caricatures, car l’intérêt du film réside moins dans le suspense qui s’installe que dans le climat et la moiteur que le réalisateur réussit à faire éprouver. On évolue, à de rares exceptions, dans un monde d’hommes, où de vieilles valeurs ont encore cours, lorsque le mythe de la Conquête de l’Ouest imprègne encore bien des attitudes et des expressions. David Mackenzie précise d’ailleurs: « Ce qui m’a intéressé, c’est que le film offre une réflexion sur l’Amérique contemporaine et sur les questions des rapports entre communautés, des armes à feu […] et du besoin de faire justice soi-même. En tant qu’Européen, c’était exaltant de prendre un instantané de l’Amérique […] J’ai malgré tout cherché à réaliser un film dont l’identité visuelle et culturelle soit américaine ». Son film est en ce sens réussi en brossant le portrait d’une Amérique en profond décalage avec celles des mégapoles. Ici le temps paraît s’être arrêté, la « gadgetisation » n’a pas encore opéré, l’aridité de la nature est parlante, les rapports humains sont durs et forts et els mots ne s’emploient que lorsqu’on ne peut faire autrement. Pourtant, parler pourrait être libérateur et finalement soulager ? Mais soulager qui : policier ou malfaiteur?
Serge Molla
Serge Molla
Nom | Notes |
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Nadia Roch | 17 |
Serge Molla | 15 |
Anne-Béatrice Schwab | 17 |