Victoria

Affiche Victoria
Réalisé par Justine Triet
Pays de production France
Année 2016
Durée
Genre Comédie dramatique
Distributeur frenetic
Acteurs Melvil Poupaud, Laurent Poitrenaux, Virginie Efira, Vincent Lacoste, Laure Calamy
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 752
Bande annonce (Allociné)

Critique

Voici enfin un film qui a non seulement le mérite de renouveler la comédie française (tombée dans des voies regrettables depuis bien longtemps) mais surtout de montrer la descente dans la dépression d’un être, sans concession mais avec compassion.

« J’aimerais comprendre là où ça a commencé à merder chimiquement dans ma vie. » Victoria (Virginie Efira), avocate de haut niveau, se demande ce qui peut bien faire que rien ne fonctionne plus comme avant. Les relations, la maternité, même le travail semblent lui glisser entre les doigts sans qu’elle puisse les retenir. Alors elle court, entre les tribunaux pour le procès de son ami Vincent (Melvil Poupaud) et les accusations de son ancien mari, entre des états d’âme vacillants et  contradictoires, mais sans avancer pour autant.

Justine Triet propose ici un personnage faillible, inadéquat, qui a perdu tout repère et toute maîtrise. Mais surtout, elle impose ainsi une figure féminine hors de tout modèle classique ou stéréotype. Si aucun de ses travers n’est atténué ou excusé, Victoria n’est pour autant jamais jugée par la réalisatrice. On la suit donc dans ses cheminements – intérieurs tout comme au sens premier – avec tendresse, amusement, découragement parfois devant son incapacité à faire les bons choix, comme devant toutes nos connaissances en pleine spirale dépressive. Il n’est toutefois pas question d’oublier qu’il s’agit d’une comédie. L’humour doucement amer qui s’en dégage doit évidemment beaucoup à son trio d’acteurs, excellents, mais c’est quand même Virginie Efira qui se distingue, portant le film et parvenant à rendre infiniment présent et touchant un personnage par ailleurs complétement absent à sa propre vie. Les longs plans fixes donnent aux comédiens toute liberté pour déployer leur jeu, le timing comique reposant bien davantage sur les dialogues que sur des situations, la plupart assez tristes. Ce rythme étrange, allié à des espaces soit extrêmement épurés, soit surchargés, confère paradoxalement une atmosphère d’irréalité à l’ensemble, comme si l’on percevait l’histoire à travers le regard flottant de Victoria. Le morceau de Chilly Gonzales, Minor Fantasy, qui habite littéralement le film, y participe aussi grandement. Sans prétendre au chef d’œuvre, le film de Justine Triet trace une voie que l’on espère voir se poursuivre au sein du cinéma français.

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 15
Nadia Roch 8
Anne-Béatrice Schwab 10