Un Juif pour l’exemple

Affiche Un Juif pour l’exemple
Réalisé par Jacob Berger
Pays de production Suisse
Année 2016
Durée
Genre Drame historique
Distributeur Vega
Acteurs Bruno Ganz, André Wilms, Aurélien Patouillard, Paul Laurent, Baptiste Coustenoble, Steven Matthews
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 753

Critique

Le roman éponyme de Jacques Chessex prend vie à l’écran à travers la caméra de Jacob Berger, malgré l’indignation qu’avait provoqué l’écrivain en ressortant cette sombre affaire des boîtes d’archives…

Nous sommes en Suisse en 1942, à Payerne plus précisément (bien que le film soit tournée à Fribourg, car comme le précise Jacob Berger : « Fribourg a une culture du passé »). La banque locale a fait faillite, l’économie va mal et certaines usines ferment. Les habitants, désœuvrés et inquiets pour leur avenir, développent une jalousie face à ceux qui ont de l’argent. Parmi eux, Fernand Ischi vante le parti nazi, emmenant dans son sillage d’autres autochtones. Ils font une fixation sur un juif fortuné, Arthur Bloch (Bruno Ganz), marchand de bétails instruit. Ils mettent au point un plan d’attaque pour assassiner cet homme bon et confiant lors d’une vente de vaches le 16 avril 1942… ils tuent un juif pour l’exemple.

Certains prétendent « qu’il faut oublier cette affaire »… d’autres pensent qu’il ne faut pas cesser d’en parler pour éviter que de telles horreurs ne se reproduisent. Les payernois s’indignent de voir la mémoire collective remuée de cette manière, les coupables ayant purgé leur peine. Jacques Chessex, au moment de la sortie de l’ouvrage, se verra violemment attaqué. L’auteur expliqua pourtant que ce meurtre l’a hanté durant toute sa vie. Il avait alors 8 ans au moment des faits. Le roman n’est certes pas tendre avec les villageois de Payerne, les accusant « de gros lards de mangeurs de cochon ». L’écrivain décharge sa conscience, comme s’il avait besoin de sortir de ses souvenirs ce drame affreux, de s’affranchir et de sortir du silence.

Le film de Jacob Berger est fidèle à l’ambiance du roman, soit fort, efficace et saisissant. Très vite, le décor est planté : on entre dans le vif du sujet avec les premières images montrant des gens essayant d’entrer dans le village, chassés par des soldats. Cette ambiance de guerre est traduite de manière perceptible dans la vie quotidienne. Le petit Jacques est régulièrement invité avec sa famille chez Arthur Bloch et pose des questions qui « dérangent » sur les habitudes des juifs. Les assassins, enthousiasmés par le discours nazi, soutenus par le pasteur du village, passent à l’acte avec une brutalité et un sang-froid qui montrent que le temps de la réflexion est révolu.

Ce long métrage retrace avec une subtilité remarquable un fait historique mais sans fioriture, allant directement à l’essentiel. Il alterne des images du passé et du présent avec habileté, comme pour prouver au spectateur que le passé ne s’oublie jamais, et qu’il peut hanter le présent…

 

Nadia Roch

Appréciations

Nom Notes
Nadia Roch 17
Geneviève Praplan 12
Antoine Rochat 12
Anne-Béatrice Schwab 13
Philippe Thonney 16
Georges Blanc 15