Critique
Maria milite dans une organisation qui s'oppose à la dictature militaire argentine des années 70. Elle vit avec sa mère qui loue quelques chambres. Un des locataires, Félix, un jeune homme timide, est amoureux de Maria. Un matin, un escadron de militaires emmènent la jeune fille au garage Olimpo, un des nombreux lieux de torture qui hantent le centre de Buenos Aires. Afin de la faire parler, Tigre, le responsable du centre, la confie à l'un de ses meilleurs hommes: c'est Félix, le locataire, qui va devenir à la fois le tortionnaire et la seule chance de salut de Maria. Se développe dès lors une dialectique subtile et cruelle, proche de l'insoutenable, entre la victime et son bourreau.
Marco Bechis, cinéaste qui a connu la dictature militaire en Argentine, réalise là un film très dur, sans concession, et qui, tout en les rappelant, dépasse les événements politiques que l'on sait et propose, au-delà de la disparition de milliers de personnes, une réflexion sur les notions de responsabilité et de conscience personnelles, de justice et d'arbitraire.
Antoine Rochat