Rara (Bizarre)

Affiche Rara (Bizarre)
Réalisé par Pepa San Martín
Titre original Rara
Pays de production Chili
Année 2016
Durée
Genre Comédie dramatique
Distributeur trigonfilm
Acteurs Coca Guazzini, Mariana Paula, Agustina Munoz, Julia Lübbert, Emilia Ossandon, Daniel Munoz, Sigrid Alegria
Age légal 10 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 752

Critique

Avec quelques pincées d’humour et surtout une grande sensibilité, ce film aborde une question délicate: celle de l’éducation d’enfants élevés par un couple homosexuel.
Sara, au seuil de la puberté, vit en effet avec sa petite sœur, Cata, leur mère avocate et la compagne de celle-ci. Rien de particulier à signaler dans ce quotidien, hormis le fait que ces deux sœurs vivent donc avec «deux mamans». Tout se passe très naturellement, sans accroc particulier, jusqu’au 13e anniversaire de Sara. Où vivre cette fête, qui inviter et surtout quel sera le regard des autres? Les questions se bousculent dans la tête de Sara qui délaisse un peu ses études et qui en même temps doit expliquer à sa petite sœur, dénuée de tout préjugé, qu’elle ne doit pas divulguer que leur mère a une partenaire.

Un soir, Sara et sa mère se disputent, au point que Sara fugue chez son père. Un grain de sable grippe désormais l’engrenage, et ce d’autant plus que le père, qui n’a jamais bien supporté  le nouvel environnement de ses filles, va  dès lors tout mettre en œuvre pour récupérer leur garde. Le scénario s’inspire  ici de l’histoire de la juge chilienne Karen Atala, qui a perdu la garde de ses filles en 2003 à cause de son homosexualité et qui s’est battu juridiquement contre son mari les dix ans qui ont suivi, jusqu’à l’emporter.

Progressivement, le spectateur appréhende sans jugement une situation familiale inédite pour beaucoup et il le fait à travers les yeux d’une enfant de treize ans dont les repères ne sont pas forcément ceux de ses parents. En adoptant la perspective de Sara, interprétée avec conviction par Julia Lübbert, Pepa San Marti  révèle combien le monde de l’enfance est mis à mal quand les adultes croient mieux savoir qu’eux ce qui est bien pour eux.  Ainsi, délicatement dès les premières images où Sara tourne le dos à la caméra et regarde la cour de son école, on est à la fois immergé dans une situation (scolaire) toute naturelle et invité à tourner le dos aux préjugés. Car, comme le souligne la réalisatrice, dont c’est le premier long-métrage, «Nous apprenons à vivre avec de enfants de couples homosexuels, mais dans la société, c’est loin d’être ancré.  Avec le temps, d’autres normes sociales vont s’installer.  Le film ne cherche pas à convaincre les convaincus, mais ceux qui doutent et se demandent est-ce normal? Est-ce que e filles peuvent être heureuses dans cette situation?» Bizarre ne livre pas une plaidoirie, mais apporte un témoignage sensible qui émeut et force la réflexion.

Grand Prix du Jury Génération au Festival de Berlin en 2016

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 15
Geneviève Praplan 18
Anne-Béatrice Schwab 14